jeudi 17 janvier 2013

Éradiquer la misère, c'est possible, disait Hugo.

C'était au XIXe siècle. Hugo est d'un autre temps. Nous ne sommes pas tous déistes. Pourtant son propos est doublement actuel : "on peut détruire la misère" et "tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli". N'est-ce qu'un discours d'écrivain ? Non ! Est-ce trop demander aux hommes ? Non ! Est-ce seulement un texte du passé tout juste bon à faire encadrer ? Non ! 

Cela nous concerne-t-il encore ? Oui ! Est-ce une parole pour les "indignés" ? Oui ! Cela doit-il inspirer l'action de ceux pour qui le mot écologiste a un sens ? Que oui !

 

 Victor Hugo


© Bibliothèque de l'Assemblée nationale - Photo Irène Andréani

 

« Détruire la misère »

Discours à l'Assemblée nationale législative : 9 juillet 1849

 


Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère.

Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli.
La misère, messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu'où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s'enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l'hiver.
Voilà un fait. En voulez-vous d'autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l'on a constaté, après sa mort, qu'il n'avait pas mangé depuis six jours.
Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé !

mardi 15 janvier 2013

Fin de l'Occident, naissance du monde

Le sommet de Doha sur le changement climatique qui s'est tenu en décembre 2012 -le 18ème du genre- aura été une fois encore l'occasion pour la communauté scientifique et internationale de tirer la sonnette d'alarme. Etayé par de nombreuses publications, le point de non retour serait déjà atteint. Malgré ces éléments tangibles, les responsables mondiaux ne semblent toujours pas prendre la mesure de la gravité de la situation, laquelle appelle pourtant à un changement radical de paradigme.

 
 

Depuis de nombreuses années, l'essayiste Hervé Kempf œuvre pour un renouvellement de la matrice idéologique écologique. Auteur de plusieurs ouvrages (« Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » et « L'Oligarchie ça suffit, vive la démocratie »), il sort un nouvel essai « Fin de l'Occident, naissance du monde », destiné à souligner l'impossible conciliation entre notre modèle de développement et l'état de notre planète. 

Le constat est le suivant : les contraintes écologiques interdisent que le niveau de vie occidental se généralise à l'échelle du monde. Afin d'éviter la catastrophe, l'appauvrissement matériel de l'Occident serait dès lors inéluctable. Face à ce diagnostic sans concessions, Hervé Kempf nous place face à un choix : accepter l'abandon de notre modèle de société, ou le maintenir en l'état au prix d'inéluctables violences

Si l'état des lieux dressé est inquiétant, l'essai « Fin du l'Occident, naissance du monde » se veut pourtant optimiste : un nouveau monde est possible, sous réserve de répondre aux défis qui se posent à nous : comment les pays riches devront-ils s'organiser pour réduire leur consommation matérielle et énergétique ? Vers quel modèle de développement devront-ils s'orienter face à l'épuisement des ressources bio-écologiques ? Quelle place l'Europe peut-elle prendre dans l'émergence de ce nouveau monde, plus sobre, plus juste, et moins agressif ?

Hervé Kemp est fondateur de Reporterre, essayiste, et journaliste.

vendredi 11 janvier 2013

L'or tue. Le ministre autorise.

  

Cyberaction n°516 mise en ligne le jeudi 10 janvier 2013

En Guyane française, le Ministre du Redressement Productif vient de délivrer un permis d’exploitation aurifère dans une zone pourtant interdite à l’exploitation minière.
 
exploitation aurière guyane

Plus d'infos :

Cet arrêté (JO du 11 décembre) octroie un permis d’exploitation à la société aurifère REXMA, sur la Crique Limonade, située dans la zone d’adhésion du Parc national amazonien de Guyane, à proximité du village de Saül, porte d’entrée du Parc. Pourtant, depuis le 1er janvier 2012, le Schéma Départemental d’Orientation Minière (SDOM) classe la zone comme interdite à ces activités. Ce schéma avait fait l’objet d’une large concertation avec toutes les parties prenantes dont la FNH. Cette décision unilatérale est incompatible avec les textes en vigueur.
Elle est aussi en contradiction avec le processus de consultation de la Charte du Parc Amazonien et les objectifs de concertation en cours sur la réforme du code minier.

Ce permis est contraire :
  • Au zonage du Schéma d’Aménagement Régional (SAR),
  • Au zonage du Schéma Départemental d’Orientation Minière (SDOM),
  • Aux rapports préalables défavorables des institutions régionales et des services de l’Etat (DRIRE, DEAL, PAG, PREFECTURE DE GUYANE),
  • A l’avis de la quasi-totalité de la société civile guyanaise,
  • Aux délibérations du Conseil Municipal de SAÜL des 18/01/05 et 29/01/08 délimitant un périmètre réduit à 10 kms autour du village au sein duquel aucune exploitation minière ne puisse se faire,
  • Au puissant argumentaire développé par les associations de défense de l’environnement, des élus guyanais, et de la communauté scientifique dans son ensemble.
Situé à 5 km du village, ce territoire fait partie intégrante du bassin de vie des Saüliens ; sa biodiversité en a fait depuis de nombreuses années un atout pour le développement de l’écotourisme et la valorisation durable de son patrimoine naturel exceptionnel.

Nous vous proposons de faire connaitre notre soutien aux populations locales opposées à ce projet minier


http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/abandon-permis-aurifere-quot-limonade-quot-559.html


En savoir plus :

Guyane: quand l'or ruine la biodiversité

http://www.journaldelenvironnement.net/article/guyane-quand-l-or-ruine-la-biodiversite,32518
http://www.abonentendeur-saul.net/index.html
Le Président de Région, Rodolphe Alexandre, apporte un soutien sans réserves au Maire de Saül, Hermann Charlotte dans son opposition à l’implantation de la société Rexma à proximité immédiate du bourg de la commune.
http://www.blada.com/boite-aux-lettres/infos-citoyennes/8834-Permis_Rexma_la_reaction_du_president_de_Region.htm
La Fondation Nicolas Hulot demande l'annulation du permis Rexma
http://www.blada.com/boite-aux-lettres/infos-citoyennes/8835-La_Fondation_Nicolas_Hulot_demande_l_annulation_du_permis_Rexma.htm  

  Colonialisme et capitalisme se sont confondus. 
Et ça continue !