Il est inutile de parler de défense de l'environnement si l'on ne se rebelle pas contre la violation de l'environnement humain dans notre propre pays, la France, par ceux-là mêmes qui ont pour fonction de le protéger. L'inhumanité détruit tous les espoirs. Résistons.
Ci-dessous
le
communiqué Resf faisant le point sur l’actualité inhumaine de ce 30
décembre. Ahmed Sohail a réussi à ne pas monter dans l'avion. Puis, en
guise de rappel, l’invitation à exiger le retour de Blendon Gashi.
Toutes
ces affaires sont liées. Ce qui était odieux sous Sarkozy le reste
aujourd’hui.
Ce ne sera pas plus accepté.
JOUR DE GLOIRE A L’ÉLYSÉE ?
Retoqués le
samedi par le Conseil Constitutionnel, incapable de marquer des points contre
les riches et les puissants, le président Hollande et son gouvernement prennent
leur revanche le dimanche 30 décembre en
se montrant intraitables avec ceux qui possèdent le moins, et surtout le moins
de moyens de se défendre, à commencer par les sans papiers.
Premier succès
d’envergure : l’expulsion de deux des travailleurs sans papiers en grève de la
faim depuis 59 jours à Lille. Ils ont été placés de force dans un avion à
destination d’Alger. Félicitations au président, à ses ministres et à leurs
conseillers !
Deuxième exploit
de la journée : la tentative échouée d’expulsion du père Capverdien d’un
enfant des Bouches-du-Rhône. Il a refusé de monter dans l’avion et a été ramené
au CRA avec l’avertissement explicite de la PAF : « La prochaine fois
tu y as droit… »
Troisième haut fait : avoir conduit à l’avion Ahmed
Sohail, 23 ans, Pakistanais arrivé tout seul en France à l’âge de 15 ans, pris
en charge par l’ASE jusqu’à 21 ans. Il avait trouvé un employeur mais la
préfecture du 93 ayant traîné pour lui donner un titre l’autorisant à
travailler, son patron s’est lassé et ne l’a pas embauché. Il s’est retrouvé sans
papiers, condamné à travailler au noir. Suite à un contrôle, il a été placé en
rétention au CRA de Vincennes. Il y est depuis 40 jours. Il a été présenté à
l’avion cet après-midi. Une vingtaine de militants du RESF étaient dans le hall
de l’aéroport pour informer les passagers du fait qu’ils risquaient de voyager
dans un fourgon cellulaire volant avec un garçon de 23 ans menotté, ligoté et
bâillonné dans la
cabine. Ahmed a finalement réussi à ne pas monter à bord. Il
a été ramené au CRA de Vincennes mais il risque fort d’être à nouveau présenté
à l’avion dans les prochains jours, avec des risques de violences cette fois.
C’est dire s’il est important de continuer à faire savoir aux responsables, et
d’abord à l’Elysée, son indignation et sa honte devant de tels faits et devant
le comportement du ministre Valls.
Le vol d’Ahmed
pour Karachi était prévu pour aujourd’hui, 30 décembre. Alerté l’avant-veille,
le cabinet de M. Valls demandait des éléments sur « les perspectives
d’insertion de ce garçon » comme si avoir passé le tiers de sa vie en France,
être parfaitement francophone, avoir été pris en charge par l’ASE jusqu’à 21
ans, avoir obtenu son CAP de plombier, travailler (au noir, évidemment) aussi
bien comme plombier que comme électricien ou peintre sur des chantiers, être
hébergé chez des amis, n’étaient pas des preuves d’insertion ! « Nous avons
décidé de ne pas intervenir et de laisser les choses aller à leur terme »
assurait hypocritement le cabinet du ministre Manuel Ponce-Pilate, le 30
décembre au matin, répétant en boucle le discours décidément attaché à la
fonction de conseiller à l’immigration du ministre de l’Intérieur. « Il y a des
lois, il y a une circulaire, Ahmed Sohail n’entre pas dans les critères de la
circulaire, il a vocation à être expulsé ». Raisonnement imparable tenu par des
générations entières de conseillers des ministres de l’Intérieur Sarkozy,
Hortefeux, Besson, Guéant et Valls aujourd’hui. La fonction crée le discours !
Mais raisonnement
dangereux quand même. « J’applique la loi, j’exécute les ordres… » Excuses trop
souvent entendues à des comportements inacceptables, voire criminels pour
certains.
De plus, les
lois, les décrets, les circulaires, les procédures qu’applique le ministère de
l’Intérieur avec une rigueur « républicaine » qui confine à l’intégrisme sont
ceux-là mêmes que le parti socialiste, ses militants, ses élus et aujourd’hui
ses ministres ont dénoncés et combattus à nos côtés des années durant ! On
voudrait convaincre l’opinion que les politiques tournent leur veste dès lors
qu’ils accèdent au pouvoir qu’on ne s’y prendrait pas autrement !
Enfin, si les
lois et les circulaires conduisent à des gestes inhumains (et l’expulsion des
grévistes de la faim, comme la tentative d’expulsion d’Ahmed en sont !), il faut
changer les lois et les critères des circulaires ! Présidence de la République,
majorité à l’assemblée, au sénat, dans la quasi-totalité des régions, etc… Que
faut-il de plus ? Un peu de courage politique, peut-être ? Celui qui, à
l’évidence, fait défaut au président et gouvernement. Mais aussi celui dont ne
témoignent pas assez les militants et les élus socialistes qui sont en
désaccord avec la politique conduite par Valls et bénie par Hollande, qui nous
le disent, mais qui ne veulent pas le dire publiquement, ou pas trop fort, ou
pas encore.
Le résultat est
là, sous les yeux de tout le monde. Le gouvernement perd le soutien de ceux qui
acceptent, voire revendiquent le métissage de la population et récusent l’idée
réactionnaire selon laquelle l’immigration ne peut être évoquée que comme un
problème sans pour autant gagner le moindre soutien de ceux toujours prêts à
entendre les histoires de pain au chocolat de la droite décomplexée. Faut-il
vraiment, en s’acharnant
à expulser de la sorte, brader ses convictions pour faire des
concessions à la fraction de l’électorat
qui, en matière de flirt avec la xénophobie, préfèrera toujours l’original à la
copie médiocre ?
A l'Elysée
:
Secrétaire
général : pierre-rene.lemas@elysee.fr
Directrice
de cabinet : sylvie.hubac@elysee.fr
Directeur
de cabinet adjoint : alain.zabulon@elysee.fr
Chef de
cabinet : pierre.besnard@elysee.fr
Conseiller
politique : aquilino.morelle@elysee.fr
Matignon
: premier-ministre@cab.pm.gouv.fr
A
l'Intérieur :
Conseiller
yves.colmou@interieur.gouv.fr
Dircab
adjoint renaud.vedel@interieur.gouv.fr
Dircab
adjoint thomas.andrieu@interieur.gouv.fr
Conseiller
immigration : raphael.sodini@interieur.gouv.fr
NOUS EXIGEONS LE RETOUR DE BLENDON GASHI
Le 18 janvier 2012 au matin, Blendon GASHI, 10 ans,
hémiplégique, était expulsé avec ses parents et son frère jumeau Blendi vers le
Kosovo.
Ses parents étaient venus en France en avril 2011 pour fuir
le racket dont ils étaient l’objet : leur demande d’asile a été rejetée par la
France en procédure prioritaire. Or, depuis leur retour forcé au Kosovo, ils
sont logés à 15 dans la petite maison de la grand-mère maternelle alors que la
grande maison dont ils sont propriétaires dans un autre quartier reste vide,
tant ils redoutent les violences dont ils sont menacés.
En France, les enfants scolarisés avaient rapidement appris
le français. La santé de Blendon avait été prise en charge. Une intervention
chirurgicale destinée à remédier aux conséquences d’un accident vasculaire
survenu plusieurs années auparavant avait été programmée pour le mois de mars
au CHU de Reims.
Mais le préfet de la Marne avait un quota d’expulsion à
atteindre.
Le 18 janvier 2012, les Gashi sont arrêtés à 7 heures du
matin. Mis au centre de rétention de Metz, ils sont montés le lendemain dans un
avion privé du ministère à destination de Pristina. C’est ainsi que les choses se passaient sous Sarkozy et
Guéant.
Mais, interpellé sur ces faits inacceptables, le
gouvernement Ayrault refuse de revenir sur la décision de son prédécesseur et
l’entérine : la demande de visa de la mère de Blendi et Blendon pour ses fils
et elle-même vient d’être rejetée par les services consulaires sur instruction
du cabinet du ministre de l’Intérieur.
Ces faits déshonorent ceux qui les ordonnent, ne peuvent
que bouleverser ceux qui les exécutent et font honte à ceux qui les laissent se
commettre. Il faut réagir !
Nous exigeons le retour immédiat et sans délai de Blendon
et de sa famille en France pour qu’il bénéficie des soins que son état impose.
Pour voir la liste des premiers signataires et signer :
http://www.educationsansfrontieres.org/article45489.html?id_rubrique=
http://www.educationsansfrontieres.org/article45489.html?id_rubrique=