lundi 31 décembre 2012

2012 : une année dont nous ne regretterons pas la fin

Il est inutile de parler de défense de l'environnement si l'on ne se rebelle pas contre la violation de l'environnement humain dans notre propre pays, la France, par ceux-là mêmes qui ont pour fonction de le protéger. L'inhumanité détruit tous les espoirs. Résistons.

Ci-dessous le communiqué Resf faisant le point sur l’actualité inhumaine de ce 30 décembre. Ahmed Sohail a réussi à ne pas monter dans l'avion. Puis, en guise de rappel, l’invitation à exiger le retour de Blendon Gashi. Toutes ces affaires sont liées. Ce qui était odieux sous Sarkozy le reste aujourd’hui. Ce ne sera pas plus accepté.





JOUR DE GLOIRE A L’ÉLYSÉE ?


Retoqués le samedi par le Conseil Constitutionnel, incapable de marquer des points contre les riches et les puissants, le président Hollande et son gouvernement prennent leur revanche le dimanche 30 décembre en se montrant intraitables avec ceux qui possèdent le moins, et surtout le moins de moyens de se défendre, à commencer par les sans papiers. 


Premier succès d’envergure : l’expulsion de deux des travailleurs sans papiers en grève de la faim depuis 59 jours à Lille. Ils ont été placés de force dans un avion à destination d’Alger. Félicitations au président, à ses ministres et à leurs conseillers !


Deuxième exploit de la journée : la tentative échouée d’expulsion du père Capverdien d’un enfant des Bouches-du-Rhône. Il a refusé de monter dans l’avion et a été ramené au CRA avec l’avertissement explicite de la PAF : « La prochaine fois tu y as droit… »


Troisième  haut fait : avoir conduit à l’avion Ahmed Sohail, 23 ans, Pakistanais arrivé tout seul en France à l’âge de 15 ans, pris en charge par l’ASE jusqu’à 21 ans. Il avait trouvé un employeur mais la préfecture du 93 ayant traîné pour lui donner un titre l’autorisant à travailler, son patron s’est lassé et ne l’a pas embauché. Il s’est retrouvé sans papiers, condamné à travailler au noir. Suite à un contrôle, il a été placé en rétention au CRA de Vincennes. Il y est depuis 40 jours. Il a été présenté à l’avion cet après-midi. Une vingtaine de militants du RESF étaient dans le hall de l’aéroport pour informer les passagers du fait qu’ils risquaient de voyager dans un fourgon cellulaire volant avec un garçon de 23 ans menotté, ligoté et bâillonné dans la cabine. Ahmed a finalement réussi à ne pas monter à bord. Il a été ramené au CRA de Vincennes mais il risque fort d’être à nouveau présenté à l’avion dans les prochains jours, avec des risques de violences cette fois. C’est dire s’il est important de continuer à faire savoir aux responsables, et d’abord à l’Elysée, son indignation et sa honte devant de tels faits et devant le comportement du ministre Valls.


Le vol d’Ahmed pour Karachi était prévu pour aujourd’hui, 30 décembre. Alerté l’avant-veille, le cabinet de M. Valls demandait des éléments sur « les perspectives d’insertion de ce garçon » comme si avoir passé le tiers de sa vie en France, être parfaitement francophone, avoir été pris en charge par l’ASE jusqu’à 21 ans, avoir obtenu son CAP de plombier, travailler (au noir, évidemment) aussi bien comme plombier que comme électricien ou peintre sur des chantiers, être hébergé chez des amis, n’étaient pas des preuves d’insertion ! « Nous avons décidé de ne pas intervenir et de laisser les choses aller à leur terme » assurait hypocritement le cabinet du ministre Manuel Ponce-Pilate, le 30 décembre au matin, répétant en boucle le discours décidément attaché à la fonction de conseiller à l’immigration du ministre de l’Intérieur. « Il y a des lois, il y a une circulaire, Ahmed Sohail n’entre pas dans les critères de la circulaire, il a vocation à être expulsé ». Raisonnement imparable tenu par des générations entières de conseillers des ministres de l’Intérieur Sarkozy, Hortefeux, Besson, Guéant et Valls aujourd’hui. La fonction crée le discours ! 


Mais raisonnement dangereux quand même. « J’applique la loi, j’exécute les ordres… » Excuses trop souvent entendues à des comportements inacceptables, voire criminels pour certains.

De plus, les lois, les décrets, les circulaires, les procédures qu’applique le ministère de l’Intérieur avec une rigueur « républicaine » qui confine à l’intégrisme sont ceux-là mêmes que le parti socialiste, ses militants, ses élus et aujourd’hui ses ministres ont dénoncés et combattus à nos côtés des années durant ! On voudrait convaincre l’opinion que les politiques tournent leur veste dès lors qu’ils accèdent au pouvoir qu’on ne s’y prendrait pas autrement !


Enfin, si les lois et les circulaires conduisent à des gestes inhumains (et l’expulsion des grévistes de la faim, comme la tentative d’expulsion d’Ahmed en sont !), il faut changer les lois et les critères des circulaires ! Présidence de la République, majorité à l’assemblée, au sénat, dans la quasi-totalité des régions, etc… Que faut-il de plus ? Un peu de courage politique, peut-être ? Celui qui, à l’évidence, fait défaut au président et gouvernement. Mais aussi celui dont ne témoignent pas assez les militants et les élus socialistes qui sont en désaccord avec la politique conduite par Valls et bénie par Hollande, qui nous le disent, mais qui ne veulent pas le dire publiquement, ou pas trop fort, ou pas encore.


Le résultat est là, sous les yeux de tout le monde. Le gouvernement perd le soutien de ceux qui acceptent, voire revendiquent le métissage de la population et récusent l’idée réactionnaire selon laquelle l’immigration ne peut être évoquée que comme un problème sans pour autant gagner le moindre soutien de ceux toujours prêts à entendre les histoires de pain au chocolat de la droite décomplexée. Faut-il vraiment, en s’acharnant à expulser de la sorte,  brader ses convictions pour faire des concessions à la fraction de  l’électorat qui, en matière de flirt avec la xénophobie, préfèrera toujours l’original à la copie médiocre ?





A l'Elysée :

Secrétaire général : pierre-rene.lemas@elysee.fr

Directrice de cabinet : sylvie.hubac@elysee.fr

Directeur de cabinet adjoint : alain.zabulon@elysee.fr

Chef de cabinet : pierre.besnard@elysee.fr

Conseiller politique : aquilino.morelle@elysee.fr


A l'Intérieur :





Conseiller immigration : raphael.sodini@interieur.gouv.fr




NOUS EXIGEONS LE RETOUR DE BLENDON GASHI 


Le 18 janvier 2012 au matin, Blendon GASHI, 10 ans, hémiplégique, était expulsé avec ses parents et son frère jumeau Blendi vers le Kosovo. 


Ses parents étaient venus en France en avril 2011 pour fuir le racket dont ils étaient l’objet : leur demande d’asile a été rejetée par la France en procédure prioritaire. Or, depuis leur retour forcé au Kosovo, ils sont logés à 15 dans la petite maison de la grand-mère maternelle alors que la grande maison dont ils sont propriétaires dans un autre quartier reste vide, tant ils redoutent les violences dont ils sont menacés. 


En France, les enfants scolarisés avaient rapidement appris le français. La santé de Blendon avait été prise en charge. Une intervention chirurgicale destinée à remédier aux conséquences d’un accident vasculaire survenu plusieurs années auparavant avait été programmée pour le mois de mars au CHU de Reims. 


Mais le préfet de la Marne avait un quota d’expulsion à atteindre. 


Le 18 janvier 2012, les Gashi sont arrêtés à 7 heures du matin. Mis au centre de rétention de Metz, ils sont montés le lendemain dans un avion privé du ministère à destination de Pristina. C’est ainsi que les choses se passaient sous Sarkozy et Guéant.
 

Mais, interpellé sur ces faits inacceptables, le gouvernement Ayrault refuse de revenir sur la décision de son prédécesseur et l’entérine : la demande de visa de la mère de Blendi et Blendon pour ses fils et elle-même vient d’être rejetée par les services consulaires sur instruction du cabinet du ministre de l’Intérieur. 


Ces faits déshonorent ceux qui les ordonnent, ne peuvent que bouleverser ceux qui les exécutent et font honte à ceux qui les laissent se commettre. Il faut réagir !


Nous exigeons le retour immédiat et sans délai de Blendon et de sa famille en France pour qu’il bénéficie des soins que son état impose. 


Pour voir la liste des premiers signataires et signer :
 http://www.educationsansfrontieres.org/article45489.html?id_rubrique=

dimanche 23 décembre 2012

Quelles vraies menaces sur la planète ?


La fin du monde n'a pas eu lieu le 21 décembre 2012. La menace, futile et médiatisée jusqu'au dégoût, nous cacherait-elle les vrais dangers que nous négligeons de prendre en considération ?

Arte, le 22 décembre 2012, a rappelé quels pouvaient être, selon le producteur de son émission, Magnus Sjostrom, les scénarios d'apocalypse pouvant être considérés comme des périls réels, lointains ou imminents, dus à des manifestations brutales des forces de la nature et, plus probablement, à l'action des hommes eux-mêmes.

Ce à quoi l'homme ne peut s'opposer et qui détruirait toute vie sur Terre est dans cette liste :
La mort d'une étoile, ou "sursaut gamma". On a trouvé les traces, en 2008, d'une explosion titanesque qui se serait se soit produite à... 7 milliards d'années-lumière. Plus proche, elle aurait affecté  notre galaxie de façon inouïe et fatale. 
La chute d'un astéroïde sur terre s'est déjà produite et a eu des effets dévastateurs faisant disparaitre, notamment, les dinosaures. Le renouvellement d'un tel phénomène ne peut être totalement exclu.
L'explosion d'un supervolcan (tel celui de Yellowstone, aux USA) engendrerait un voile de particules pour des années, et fe
rait vivre les humains dans un froid interdisant toute culture et entrainant notre disparition.
Une pandémie énorme, du type de celle qui tua 80 millions d'hommes en 1920 (la "grippe espagnole"), mais plus vaste, de type viral, qu'aucune médication ne pourrait soigner, fait partie des hantises des chercheurs.
Le heurt avec une population d'extra terrestres n'est envisageable que parce que nous savons, aujourd'hui que, statistiquement, il est improbable que des planètes n'abritent pas des formes de vie de nous inconnues. La rencontre de vivants dans l'univers n'est plus impensable.

Nous vivons donc avec la connaissance de menaces non nulles, même si elles sont statistiquement faibles, non seulement à l'échelle des vies humaines mais à l'échelle de notre espèce qui n'a que quelques centaines de milliers d'années d'existence.

S'agissant des conséquences de l'action d'homo sapiens, le souci est plus grave même si, là encore, les périls ne se manifestent pas à court terme. Toutefois, comme nous ignorons quand et comment peuvent de déclencher les manifestations des dangers qui peuvent surgir, il est prudent et sage de vivre en ne multipliant pas des risques pouvant devenir non maîtrisables.


Ce que l'homme peut réaliser et qui lui nuise définitivement est dans cette autre liste :
L'accélération de modifications climatiques liées au réchauffement causé par les gaz à effet de serre ne peut plus être niée. Elle est redoutable à moyen terme. Non stoppée, elle pourrait devenir fatale à une grande partie des générations futures, au-dessus d'une augmentation de la température moyenne au-delà de 5 degrés. C'est une préoccupation majeure non encore assumée par nos civilisations compte tenu de l'énormité des transformations comportementales à opérer.
L'holocauste nucléaire, compte tenu de l'existence d'armes atomiques assez nombreuses pour détruire l'ensemble des populations terrestres, n'est ni probable ni impossible. Ce n'est pas une grande peur seulement ; c'est une capacité de destruction de l'histoire humaine entre les mains de fanatiques, d'insensés ou d'incapables. Tchernobyl fut dû à une erreur humaine.
Les expériences physiques, plus largement et qui ne concernent pas que la physique nucléaire peuvent faire prendre des risques peu ou pas connus. Le seul fait qu'il y ait débat entre grands physiciens sur l'opportunité, ou non d'aller, plus avant dans les expériences du cyclotron de Genève suffit à reconnaître qu'il peut y avoir, dans la manipulation de la matière, pari et saut dans l'inconnu. Le conte de l'apprenti sorcier n'a jamais autant trouvé son actualité.
Le développement de l'intelligence artificielle donne à penser que la créature peut échapper à son créateur. L'ordinateur surpuissant et ultra rapide, à cet égard, est bien plus redoutable qu'un robot sophistiqué. Le fonctionnement automatique des ordinateurs donneurs d'ordres dans les banques et les bourses laisse déjà apparaitre que l'homme peut perdre la main et n'avoir plus le contrôle de sa destinée. Les drones et autres engins de surveillance ou de destruction, miniaturisés, imprévisibles, peuvent changer les guerres en opérations d'exterminations échappant à toute politique, voire à toute action humaine voulant inverser les processus enclenchés !
La biologie de synthèse, enfin, est d'autant plus porteuse de périls pour l'humanité qu'elle se justifie par les résultats positifs qu'elle peut opérer, pour reconstituer des tissus humains lésés, par exemple. Les armes chimiques sont dépassées. Les gaz mortels utilisés pendant la guerre 1914-1918, tout épouvantables qu'ils aient été, ne sont rien à côté des armes bactériologiques qui peuvent être employées à grande échelle pour contaminer, par la variole entre autres, des populations entières. Ces armes existent et qu'on craigne que Bachar El Assad s'en serve signifie que la Syrie a été dotée de ces "machines de guerre modernes" par des professionnels de l'industrie de la mort lesquels ne sont ni rares, ni sots, mais ennemis de notre espèce par simple souci de s'enrichir avant que de disparaitre à leur tour !


2013 ne sera pas une année pire ou meilleure que les autres. Le calendrier maya n'a rien à voir avec nos angoisses. Il n'y a pas de risques absolument nouveaux mais une prise de conscience nouvelle ! L'espèce humaine est à la merci de l'inconnu depuis qu'elle existe. Le pire n'est jamais sûr mais la capacité d'autodestruction des humains est, elle, bien réelle et terrifiante. C'est à ces périls humains qu'il faut se confronter sans se réfugier derrière la science qui ne peut ni tout savoir ni tout faire mais qui peut, par passions intellectuelles, "jouer avec les feux". La responsabilité citoyenne va jusqu'à porter ce souci de survie pour nos successeurs.

dimanche 25 novembre 2012

Repenser le modèle de développement




Jean-Louis Galzin, responsable du dossier développement durable à la Ligue des droits de l'Homme, envisage les actions possibles face aux urgences actuelles, environnementales, mais aussi économiques, sociales, politiques, et qui nécessitent d'être débattues avec la société grâce à une démocratie représentative renforcée.

Nourrir la planète ou la protéger, est-ce selon vous compatible ?
Jean-Louis Galzin : La "révolution verte" a sans nul doute permis - mais à quel prix! - de nourrir la planète jusqu'à ce jour. Il est possible aujourd'hui de revenir sur certains excès tels que la consommation excessive d'intrants ou la pratique de la monoculture, sans altérer notablement les rendements.
La perspective de 9 milliards d'êtres humains en 2050 demandera probablement à la fois la remise en culture de terres non cultivées aujourd'hui et un changement important des habitudes alimentaires, notamment des pays développés. On retrouve là, au niveau du domaine agricole, l'équation impossible d'un "développement" à l'occidentale généralisé à l'ensemble de la planète. La production agricole, essentielle pour les pays pauvres, doit être orientée dans le sens de la durabilité et donc vers la recherche d'une certaine indépendance alimentaire grâce aux cultures vivrières, aux dépens de l'idée répandue de l'avantage comparatif des monocultures d'exportation.


Pour un développement durable, comment prendre en compte le respect des êtres humains et de l'environnement ?

J-L G : Au plan agricole comme dans le domaine de la production industrielle, la tendance actuelle n'est pas durable : ni au plan des ressources consommées, ni au plan des dégâts environnementaux produits (pollution, gaz à effet de serre, biodiversité…). Le droit à un environnement sain doit être couplé avec le respect, partout dans le monde, des principes du droit du travail et des droits de l'homme dans les entreprises avec notamment le non-travail des enfants, la non-discrimination hommes/femmes, les conditions de travail… Il est indispensable d'agir pour une application sans faille des normes de travail couplée avec une transparence des entreprises tant sur leur responsabilité sociétale, que sur les informations sur leurs produits (pesticides notamment). Le « reporting RSE »(1)
est un des domaines où, volontairement (Global Reporting Initiative, ou GRI) ou réglementairement (loi Grenelle 2 en France), la transparence peut progresser sur l'activité de l'entreprise, ses impacts sur les ressources et les milieux naturels, et le type de relations qu'elle entretient avec ses parties prenantes majeures (ses salariés et les habitants des territoires où elle est implantée).

Pourquoi le progrès ne fait-il plus rêver ?
J-L G : Si le progrès ne fait plus rêver aujourd'hui, c'est parce qu'il n'a plus, pour beaucoup, un contenu émancipateur, mais le sens d'une dépendance de plus en plus grande envers les biens et la technologie. Redonner un sens au progrès, cela veut dire permettre à la société tout entière de le repenser dans les contraintes et la finitude de notre planète ; et dans ce cadre, qui mieux que le monde agricole peut nous donner le sens de la mesure et de la durabilité ? Pour le respect de la biodiversité, pour l'utilisation raisonnée des terres par exemple. Encore faudrait-il que le système économique ne le pousse pas sur la pente d'un productivisme fou !
La société civile doit disposer des moyens de comprendre et de participer aux débats. Et l'application du principe de précaution peut permettre, lorsque des dangers ou des incertitudes existent pour l'environnement ou la santé, de donner à la société le temps nécessaire du débat et de la controverse avant d'accepter tel produit OGM ou tel pesticide, tel procédé de forage ou telle application des nanomatériaux. Par ailleurs, il serait intéressant que les citoyens disposent de l'équivalent de l'OPECST, Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques, ce qui permettrait une meilleure diffusion des savoirs, ainsi qu'une discussion démocratique des risques scientifiques et technologiques, et ce qui contribuerait, sinon à les diminuer, du moins à les objectiver. L'HAEA (Haute autorité de l'expertise scientifique et de l'alerte en matière de santé et d'environnement),
proposée récemment par la sénatrice Marie-Christine Blandin, pourrait être cette structure de support à la société civile et aux lanceurs d'alerte.

(1) Reporting RSE : manière dont une entreprise prend en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité. Une consultation du publique sur ce thème a été lancée le 12 novembre.
 

Pour aller plus loin :
« Face à l'urgence écologique, changer d'ère » de Jean-Louis Galzin paru dans l'ouvrage « Un autre avenir ? » de la Ligue des droits de l'Homme, paru en avril 2012, aux Editions La Découverte.

samedi 15 septembre 2012

Appel pour la sobriété énergétique !


Les partenaires

Agir pour l'Environnement, Les amis de la Terre, ATTAC, Greenpeace, ACIPA, condéfédération paysanne, Réseau Action Climat, Réseau sortir du nucléaire, STOP au pétrole et gaz de Shiste, Union Syndicale Solidaires, quartiers en transition.

Je m’engage !

La sobriété énergétique n’est pas une option parmi tant d’autres mais une nécessité née des contraintes écologiques. Nous vivons dans un monde fini. La raréfaction du pétrole, le dérèglement climatique, l’effondrement des écosystèmes nous obligent à agir vite. Les limites de la biosphère ne peuvent être repoussées. Ce faisant, la conférence environnementale doit être un exercice de cohérence politique. Chaque décision doit être prise à l’aune du déterminisme écologique.
C’est la raison pour laquelle, nous estimons nécessaire :
  • D’obtenir une décision immédiate de sortie du nucléaire (à commencer par l’arrêt immédiat du chantier EPR et la fermeture de Fessenheim) ;
  • D’interdire, quelle que soit la technique utilisée, la recherche et l’exploitation des gaz et huile de schiste ;
  • D’abandonner le projet d’aéroport dit de Notre-Dame des Landes ainsi que les projets autoroutiers actuellement inscrits au Schéma national des infrastructures de transport ;
  • De remettre en cause la politique française de soutien aux agro-carburants ;
  • De mettre un terme à l’accaparement et l’artificialisation des terres d’ici à 2020.
Pour l’avenir de la planète, je m’engage pour la sobriété énergétique. Celle-ci passe par l’adoption de mesures d’urgence en faveur :
  • De l'éolien et du photovoltaïque ;
  • De l’isolation de 600.000 logements par an ;
  • Du développement de la bio et la réduction de l'usage des pesticides ;
  • D’une obligation, pour les fabricants de garantir leur produit 10 ans ;
  • D’une réduction des vitesses autorisées sur routes et autoroutes ;
  • De l’instauration d’une indemnité kilométrique vélo ;
  • Et de l’instauration d’un taux de TVA à taux réduit pour les produits écologiques.
Parce que « trop n’est jamais assez », le modèle économique dominant repose sur une croissance dont les effets sur les écosystèmes ne sont plus à démontrer. Le diagnostique est alarmant.
La conférence environnementale doit être l’occasion de mettre en œuvre des mesures favorisant la sobriété énergétique.
Plus que jamais, il y a urgence à agir ! Pour être entendu, il faut être nombreux à s’engager pour la sobriété.

mercredi 12 septembre 2012

Des préconisations utiles

En prolongement du Grenelle de l'Environnement, le Gouvernement Ayrault va organiser ce 14 et 15 septembre sa Conférence Environnementale dont l'objectif annoncé est de préparer et d'assurer la transition écologique. La Fondation Nicolas Hulot qui avait beaucoup oeuvré pour l'écologie pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, remonte au créneau et précise à François Hollande quelles sont selon elle les changements écologiques à prendre en compte dès maintenant.



1. Création d' une banque de la transition écologique
Pour permettre aux entreprises, aux ménages et aux collectivités d'accéder à des financements pour leurs projets écologiques, La Fondation Nicolas Hulot propose la création d'une Banque de la transition écologique. Cette banque pourrait être dotée de 3 milliards d'Euros dès 2013. Elle serait alimentée par plusieurs sources : " suppression des niches fiscales défavorables à l'environnement, fléchage d'une partie de l'épargne (livret A ou LDD ?), ou encore recettes issues de la vente des quotas d'émissions de CO2 ".
Elle pourrait en outre , à l'image des autres banques, se refinancer auprès de la Banque Centrale Européenne.

2. Lancer un moratoire sur l'exploitation des énergies fossiles non conventionnelles
Pour la Fondation Nicolas Hulot, si les avantages économiques des ressources fossiles non-conventionnelles peuvent sembler intéressants à court terme, ils ne résolvent pas la question de la hausse du prix de l'énergie. Et leur expl
oitation est en totale contradiction avec l'objectif de limiter le réchauffement à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, adopté à Copenhague par la Communauté Internationale. Leurs conséquences sur l'environnement immédiat peuvent être catastrophiques (pollution de l'eau, marées noires...), et très coûteuses pour nos sociétés. La principale voie pour réduire notre dépendance aux importations de ses énergies doit donc être la maîtrise de la consommation d'énergie.
Aussi , dans l'attente des conclusions du Grand Débat National sur l'Energie, et compte tenu des enjeux climatiques, la Fondation estime qu'il est " nécessaire d'établir un moratoire sur l'ensemble des nouveaux projets d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures non-conventionnels. L'objectif de notre société doit être selon elle " la sortie des énergies fossiles ". Et elle préconise d' " interdire l'exploitation des nouvelles sources de pétrole et de gaz ".

3. Financer la rénovation de 400 000 logements de ménages en précarité énergétique
Pour lutter sérieusement contre la précarité énergétique, la Fondation Nicolas Hulot propose que l'Etat engage dès 2013 la rénovation de 400 000 logements détenus par des ménages qui ne disposent pas de la capacité d'engager des travaux lourds de rénovation et d'isolation, et qui sont exclus des dispositifs d'aides existants. L'Etat et les Collectivités Territoriales pourraient prendre en charge, après un repérage effectué par les acteurs compétents (Préfectures dans les tables rondes départementales sur la précarité énergétique, Ademe, Anah...), des travaux de rénovations lourds, imposant le respect du cahier des charges " Bâtiments Basse Consommation - Rénovation ". Cela permettrait aussi de renforcer la formation des acteurs du bâtiment.

4. Diviser par 2 des subventions à la pollution d'ici 2017
Chaque année, des cadeaux fiscaux sont faits aux activités polluantes, comme le transport aérien, l'artificialisation des sols ou encore les agro-carburants.
Pour la Fondation Nicolas Hulot un engagement de réduction de la moitié des niches fiscales défavorables à l'environnement permettrait de programmer la fin des niches fiscales nuisibles à l'environnement en laissant aux acteurs le temps de s'adapter :
  • réduction du tiers de la défiscalisation des agro-carburants, soit environ 65 millions d'Euros économisés, et la fin totale des subventions fin 2014 pour cette filière ;
  • réduction d'un tiers de l'exonération sur le kérosène aérien en 2013, soit 400 millions d'Euros économisés cette année, et la fin totale de l'exonération fin 2015 ;
  • réduction des exonérations de taxe sur les raffineries, pour un montant de 40 millions d'Euros en 2013.
5. Zéro artificialisation nette des terres en 2020
L'artificialisation des sols progresse en France de façon alarmante au détriment des terres agricoles et de espaces naturels. Ainsi tous les sept ans, l'équivalent d'un département français disparait sous le bitume et le béton. Elle est principalement causée par l'étalement urbain : développement des zones économiques à la périphérie des villes, des infrastructures de transport, et de zones résidentielles. Pour la Fondation Nicolas Hulot, la France doit se fixer en ce début de quinquennat un objectif maximal de 10% d'artificialisation du territoire (contre environ 8,5 aujourd'hui). Cet objectif serait ensuite décliné régionalement, à l'image de certains pays, comme les Pays-Bas qui se sont dotés d'une limite maximum d'affectation des sols, pour atteindre l'objectif de zéro pour cent d'artificialisation des sols en 2020.
Nul doute que ces propositions seront débattues lors de la Conférence Environnementale, à laquelle Bioaddict.fr participera activement.

Christina Vieira

http://www.bioaddict.fr/article/ecologie-les-cinq-mesures-d-urgence-de-nicolas-hulot-a3417p1.html 



vendredi 27 juillet 2012

La fin de la planète en 2100 ?


Ne craignons rien ! Ce n'est que le début de la fin...


La fin de la planète en 2100 ? C'est la rumeur qui enflamme la Toile depuis plusieurs semaines : les écosystèmes de la planète pourraient connaître un effondrement total et irréversible d'ici 2100. A l'origine de cette prophétie apocalyptique, non une secte d'illuminés, un médium en manque de publicité ou le dernier blockbuster américain en vogue. Non, l'allégation est issue d'une étude de la très sérieuse revue Nature, référence parmi les publications scientifiques. La thèse ? L'environnement, sous l'effet des dégradations causées par l'homme, pourrait franchir un point de non-retour avant la fin du siècle.
Dans Approaching a state-shift in Earth’s biosphere, les auteurs, 22 chercheurs appartenant à une quinzaine d'institutions scientifiques internationales, alarment sur une perte de la biodiversité de plus en plus rapide et une accélération des changements climatiques.
Selon l'étude, presque la moitié des climats que nous connaissons aujourd'hui sur la Terre pourraient bientôt avoir disparu. Ils seraient ainsi remplacés, sur entre 12 % à 39 % de la surface du globe, par des conditions qui n'ont jamais été connues par les organismes vivants. Et ce changement s'effectuerait de manière brutale, empêchant les espèces et écosystèmes de s'y adapter.
Les bouleversements des milieux naturels ont toujours existé, rappelle l'étude, que ce soit à une échelle locale - au niveau des bassins ou des récifs coralliens par exemple -, régionale - il y a 5 500 ans, le Sahara était constitué de prairies fertiles - ou planétaire. La Terre a ainsi connu sept grandes crises : l'explosion cambrienne, il y a 540 millions d'années, les cinq extinctions massives qui ont anéanti pour certaines jusqu'à 90 % de la vie sur Terre et le passage de la dernière période glaciaire à notre époque, il y a 12 000 ans.
Mais alors que l'explosion cambrienne et le réchauffement de l'Holocène ont été déclenchés par des catastrophes naturelles, des changements dans la composition des océans et de l'intensité solaire, une nouvelle pression est aujourd'hui exercée sur les écosystèmes : celle de 7 milliards d'êtres humains - et 9 milliards en 2050.
"A l'époque où la planète est passée d'une période glaciaire à celle actuelle, interglaciaire, des changements biologiques des plus extrêmes sont apparus en seulement mille ans. A l'échelle de la Terre, c’est comme passer de l’état de bébé à l’âge adulte en moins d’une année. Le problème, c'est que la planète est en train de changer encore plus vite aujourd'hui", explique Arne Moers, co-autrice de l'étude et professeure en biodiversité à l'université Simon Fraser de Vancouver.
Et la chercheuse de poursuivre : "La planète ne possède pas la mémoire de son état précédent. Nous prenons un énorme risque à modifier le bilan radiatif de la Terre : faire basculer brutalement le système climatique vers un nouvel état d'équilibre auquel les écosystèmes et nos sociétés seront incapables de s'adapter. [...] Le prochain changement pourrait être extrêmement destructeur pour la planète. Une fois que le seuil critique sera dépassé, il n’y aura plus de possibilité de revenir en arrière."
D'après l'étude, ce seuil correspondrait à l'utilisation de 50 % des ressources terrestres. Or, aujourd'hui, 43 % des écosystèmes terrestres sont déjà utilisés pour subvenir aux besoins des hommes. Un tiers de l'eau douce disponible est par ailleurs détourné pour un usage humain. Les taux d'extinction des espèces sont à des sommets jamais atteints durant l'ensemble de l'évolution humaine - de 10 à 100 fois le rythme naturel d'extinction constaté par les scientifiques sur une période de 500 millions d'années, alors qu'il pourrait être bientôt 10 000 fois supérieur. Et les émissions de CO2 ont augmenté de 35 % depuis l'ère pré-industrielle du fait de la combustion d'énergies fossiles.
L'évolution de l'utilisation des sols au cours des siècles, alors que la population mondiale augmente :

vendredi 22 juin 2012

Les leçons de l'échec de Rio+20

Écologie et Société
Le sommet de la Terrre de Rio de Janeiro a accouché d’une déclaration finale riche d’enseignements. Beaucoup a déjà été écrit sur le contenu de cette déclaration, véritablement affligeant, tant il comporte des régressions sur les droits et un consentement à l’ordre du monde qui est à l’origine des crises que nous vivons. C’est un texte hors sol, hors contexte, hors crises.
 
Rien sur la globalisation économique et financière, rien sur les limites écologiques et sur l’épuisement des ressources, rien sur les plusieurs milliards de personnes condamnées à la survie, et qui devraient trouver leur salut dans l’accès aux marchés. Aucune pensée ne traverse le texte, aucun souffle, une récitation des psaumes de la croissance et du marché.
 
Ce texte signe une crise profonde et l’agonie du multilatéralisme. Il n’a de cesse de répéter que les solutions relèvent de politiques nationales, actant ainsi le refus conjoint de nombreux États de tout engagement multilatéral. Jusqu’à la caricature. L’eau cesse ainsi de relever d’accords internationaux, elle est renvoyée à la souveraineté nationale, et donc à la loi du plus fort, à ceux qui peuvent construire les plus grands barrages, capter les sources sur leurs territoires. Nous ne serons pas surpris de trouver là l’alliance des Etats-Unis, du Canada, du Brésil, de la Chine, de la Turquie, pour ne citer que les plus importants. Quant au droit universel à l’accès à l’eau, acté par l’assemblée générale des Nations unies, il fait déjà l’effet d’une relique barbare dont le texte final s’est débarrassé. C’est la même chose pour l’énergie, qui devait pourtant être un temps fort de ce sommet.
 
Notons bien que ce retour affirmé aux politiques nationales ne signifie en rien une relocalisation ou une « déglobalisation ». La place donnée aux transnationales regroupées dans le Global Compact, cité explicitement dans le texte comme partenaire essentiel, l’ode au libre-échange, la nécessaire inclusion dans les marchés mondiaux pour les millions de paysans qui meurent de faim, ne laisse aucune illusion : la souveraineté nationale exprime seulement la latitude laissée aux États de se soumettre aux exigences des marchés, sans limites.
 
Et l’Union européenne dans tout cela ? Les temps ont bien changé depuis Rio 1992 et ses suites, notamment le protocole de Kyoto. La globalisation a fini d’exporter à l’échelle du monde le modèle économique et social né en Europe. Et au grand jeu de la concurrence qu’elle continue à promouvoir, l’Europe n’est plus au centre du monde. Ce n’est pas un accident dû à la crise qu’elle traverse, c’est désormais une condition structurelle et un des éléments de sa crise. Ici à Rio, l’Union européenne, contre le G77+Chine alliés à l’Amérique du Nord, a défendu une position multilatérale. Elle a été si humiliée qu’elle en est arrivée, fait exceptionnel pour l’UE toujours à la recherche de consensus, à menacer en assemblée plénière de ne pas signer le texte. Elle a été d’autant plus affaiblie qu’elle n’a pu accompagner ses propositions d’un moindre euro mis sur la table, ce que réclamait le G77.
 
Mais nous ne pouvons nous arrêter là sans examiner le contenu de ce multilatéralisme. L’Union européenne a été un des promoteurs essentiels de l’économie verte, entendue comme une extension de la valorisation économique des services écosystémiques et de leur financiarisation. Elle est d’ailleurs le continent pilote pour les marchés du carbone. À ce titre, elle souhaitait une réglementation multilatérale pour la mise en place de cadres favorables à cette économie verte. Elle s’est heurtée aux États qui refusent l’économie verte car ils entendent pro téger leurs entreprises d’une éventuelle augmen tation des coûts, aux pays émergents qui veulent poursuivre le modèle productiviste sans limitation extérieure, aux pays les plus pauvres qui exigeaient des financements en retour.
 
L’Europe néolibérale est dépassée par ce qu’elle a contribué à engendrer. Au jeu de la concurrence mondiale, elle a perdu. Elle ne pourra retrouver une place dans ces négociations qu’en engageant, sur son territoire, une transition écologique et sociale significative. Une transition qui signifierait une bifurcation du modèle qu’elle a promu, en s’engageant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2020, à réduire la consommation d’énergie, à promouvoir les énergies renouvelables sur une base décentralisée, à sortir de la société du pétrole et de la dépendance énergétique qui pèse sur ses comptes, à créer les nouveaux emplois et les protections sociales qui s’imposent.
 
Ce nouveau modèle redonnerait toute sa place à l’Europe. Et ceci d’autant plus que le succès des pays qui se sont alliés pour polluer tranquillement à l’intérieur de leurs frontières nationales est bien provisoire ! Les catastrophes qui s’annoncent laisseront peu de temps de répit. Et l’Union européenne pourrait alors avoir le soutien de la « société civile », non pas celle des lobbies industriels et financiers qui ont monopolisé cette négociation, mais celle des mouvements sociaux et des ONG.

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