vendredi 30 décembre 2011

En finir avec le nucléaire. Pourquoi et comment ?

http://www.global-chance.org/spip.php?article258

« Un court essai, dense et argumenté, qui devrait faire date pour ses qualités de réflexion, d’information et de prospective »

(La Recherche, novembre 2011)

En finir avec le nucléaire. Pourquoi et comment, Benjamin Dessus et Bernard Laponche, Édition du Seuil, Collection Sciences, Octobre 2011, 176 pages, 13 euros.


Présentation :

Ce livre clair et concis démontre la nécessité et la possibilité d’en finir avec le nucléaire. Il commence par réfuter les arguments spécieux de ses partisans sur l’indépendance énergétique prétendue ; sur la sûreté et la sécurité, qui seraient un privilège unique de la technologie nucléaire française ; sur le coût du kWh nucléaire, largement sous-évalué ; sur les marchés étrangers juteux, fortement surestimés ; sur le contrôle grâce au nucléaire des émissions de gaz à effet de serre, marginal ; sur la question des déchets, nullement réglée. Il expose les raisons pour lesquelles il faut en sortir : le risque inacceptable d’un accident majeur dont les conséquences catastrophiques sont révélées par Tchernobyl et Fukushima ; la production de déchets radioactifs extrêmement dangereux pour des siècles et des millénaires ; l’utilisation et la diffusion de techniques permettant la prolifération des armes nucléaires. Il replace ensuite la sortie du nucléaire dans le cadre d’une transition énergétique que les inégalités de la consommation mondiale et les problèmes écologiques globaux rendent indispensable. Alors que la situation singulière de notre pays nous mène à l’isolement et à l’impasse, les auteurs proposent un scénario raisonné de sortie du nucléaire, fondé sur un autre mode de consommation et de production de l’électricité, et discutent les conditions politiques et sociales de la transition.

Benjamin Dessus :
Ingénieur des télécommunications et économiste, il a travaillé à EDF, à l’Agence française pour la maîtrise de l’énergie (AFME) et au CNRS. Spécialiste reconnu des questions énergétiques, il préside actuellement Global Chance, association d’experts indépendants dans le domaine de l’environnement, de l’énergie et du développement.

Bernard Laponche :
Polytechnicien, docteur ès sciences, il a travaillé au Commissariat à l’énergie atomique et été responsable syndical à la CFDT dans les années 1960 et 1970, puis directeur général de l’AFME et conseiller technique de Dominique Voynet. Il est maintenant consultant international dans le domaine de l’énergie.

vendredi 23 décembre 2011

Des catastrophes pas si naturelles que ça...

Impossible de ne pas republier cela. Que Novethic nous pardonne...


Année record pour le coût des catastrophes naturelles


Publié le 21-12-2011


Selon les premières estimations de l'assureur Swiss Re les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles en 2011, qui s'élèvent à 350 milliards de dollars, sont les plus importantes de l'histoire.


Selon les estimations provisoires de Swiss Re, le total des dommages assurés liés à des catastrophes naturelles et techniques dans le monde a atteint 108 milliards de dollars en 2011, soit plus de deux fois le chiffre enregistré en 2010 (48 milliards de dollars). Les sinistres dus aux catastrophes naturelles s’élèvent à eux seuls à 103 milliards de dollars en 2011, contre « seulement » 43 milliards de dollars l’année dernière.


L’année 2011 est aussi celle des pertes économiques les plus importantes jamais enregistrées. Swiss Re évalue ainsi à 350 milliards de dollars les pertes (assurées et non assurées) supportées par la société à la suite de catastrophes, contre 226 milliards dollars en 2010. Le tremblement de terre au Japon explique en grande partie cette année record. Selon Kurt Karl, économiste en chef de Swiss Re, « 2011 est une année de plus qui aura été marquée par des tremblements de terre tragiques et coûteux. Malheureusement, la couverture d’assurance contre les tremblements de terre est encore relativement restreinte, même dans certains pays industrialisés à risque sismique élevé, comme le Japon. Ainsi, au-delà des hommes et des femmes qui perdent des êtres chers, les sociétés doivent faire face à des pertes financières énormes que doivent supporter les entreprises, les organisations d’aide, les Etats ou encore les contribuables ».



Bilan provisoire

Avec environ 108 milliards de dollars de dommages assurés dus à une catastrophe, 2011, est presque l’année la plus coûteuse pour le secteur de l’assurance, devancée uniquement par l'année 2005 (123 milliards). « L'ampleur limitée des dommages liés aux ouragans a permis de maintenir les coûts en dessous du niveau de 2005, année où Katrina, Wilma et Rita ont entraîné des sinistres à hauteur de plus de 100 milliards de dollars », poursuit l’assureur. De fait, si le Japon avait été aussi bien couvert que d’autres pays à risque sismique élevé, comme la Nouvelle-Zélande, la facture aurait été bien plus élevée pour le secteur. Pour autant d’autres catastrophes ont fait de 2011 la deuxième année la plus coûteuse de l’histoire pour le secteur de l’assurance et les inondations en Thaïlande ou les possibles tempêtes hivernales en Europe pourraient aggraver ce bilan. Par ailleurs, deux violentes tornades aux Etats-Unis ont engendré des sinistres coûtant près de 14 milliards de dollars. Enfin, précise Swiss Re, « les pertes économiques totales seront probablement bien plus élevées une fois que tous les dommages causés aux installations nucléaires et dus aux interruptions des chaînes d’approvisionnement mondiales auront été comptabilisés ».


Le coût de la non prévention

En mai dernier, l’ONU avait également publié un rapport à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophes, mettant en évidence non seulement le coût de ces catastrophes mais aussi la menace pour le développement de nombreux pays. Les désastres naturels pourraient en effet amputer les richesses mondiales d’au moins 1 500 milliards de dollars. Les experts expliquent ce chiffre gigantesque par « la fréquence grandissante des catastrophes et leur impact sur des sociétés de plus en plus peuplées, qui augmentent les dépenses ». Les pertes économiques liées aux inondations ont ainsi augmenté de 160% en trente ans, tandis les zones inondables se sont peuplées de plus en plus (+114%). Le risque de cyclones a quant à lui augmenté de 262% depuis 1980 dans les pays de l’OCDE. Le rapport alerte également sur le risque « caché » que constitue la sécheresse aujourd’hui, ses conséquences sur l’agriculture étant largement sous-estimées. « Le risque de perte de richesses lié aux désastres augmente aujourd’hui plus rapidement que la vitesse à laquelle ces richesses sont créées, a souligné le coordinateur du rapport, Andrew Maskrey. Les pertes issues des catastrophes sont souvent aussi importantes que celles subies par une forte inflation ou un conflit armé ».


Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait de son côté rappelé « qu’aucun pays n'est immunisé contre les catastrophes naturelles dont les conséquences sont de plus en plus lourdes », faisant allusion à la catastrophe nucléaire de Fukushima. En novembre dernier, alors que les négociations climatiques s’ouvraient à Durban, le GIEC a publié un rapport confirmant les pires scénarios : hausse des épisodes caniculaires, de la sécheresse et des inondations, tempêtes et cyclones plus fréquents et plus intenses, etc. Pourtant, la politique internationale de lutte contre le changement climatique piétine, tandis que les investissements en matière de prévention des catastrophes naturelles peinent à être déployés... Des outils de prévention bien moins coûteux que la réparation des dommages existent pourtant : gestion de l’urbanisme, information des populations, constructions plus robustes, durcissement des normes dans les zones à risques, etc. S’agissant des entreprises, la réglementation couplée à des mesures d’incitation économique à la prévention, pourraient également diminuer considérablement le coût a posteriori de ces catastrophes.


Véronique Smée.



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mercredi 21 décembre 2011

Hollande nous interdit de voter pour lui.

Tout est dit, et clairement dit : François Hollande veut incarner la continuité de la dissuasion. Il devient, dès lors, impossible de voter pour lui, au premier comme au second tour.

"Je serai le garant de la capacité de dissuasion nucléaire de la France",
assure François Hollande
(AFP/Nicolas Tucat)

"La dissuasion nucléaire est indissociable de notre statut de grande puissance, comme l’est aussi notre participation au Conseil de sécurité des Nations unies, avec un droit de veto auquel je n’entends pas renoncer. Elle est le recours ultime et suprême de notre pays s’il était menacé dans son intégrité ou son existence. Le contexte international actuel ne laisse pas présager que le temps de la dissuasion nucléaire serait désormais dépassé : de nouvelles puissances sont apparues durant les quinze dernières années, d’autres ont cherché et cherchent encore à émerger dans ce domaine. Alors que de nombreux pays arment ou réarment, nous ne devons pas baisser la garde : notre effort pour la paix dans le monde, pour le désarmement et pour la construction européenne, va de pair avec notre volonté de préserver les intérêts vitaux de notre nation. Dans un monde désormais multipolaire et face à une menace multiforme, vouloir la paix ne saurait s’envisager par un désarmement unilatéral. Un responsable politique ne peut ignorer que l’histoire est tragique.

Je veux donc, si je suis élu président de la République, m’inscrire dans la continuité de Pierre Mendès France qui décida, en tant que président du Conseil, la fabrication d’une arme nucléaire, de Charles de Gaulle, qui eut la volonté farouche de construire notre dissuasion en conservant sa pleine indépendance, de François Mitterrand, qui ne recula pas quand les SS 20 étaient à l’Est. Je fais miens ses mots : "La stratégie de la France, pays détenteur de l’arme nucléaire, n’est ni offensive, ni défensive, elle est de dissuasion, ce qui veut dire, en termes encore plus simples, qu’elle a pour but essentiel d’empêcher le déclenchement de la guerre." La dissuasion nucléaire demeure aujourd’hui encore la garantie fondamentale de notre sécurité. Elle nous donne le pouvoir d’être maîtres de nos actions, de notre politique, de la pérennité de nos valeurs démocratiques et de notre destin. Dès lors, il ne saurait être question pour moi de transiger avec notre indépendance et notre intégrité.

Aujourd’hui, nos moyens nucléaires sont organisés en deux composantes. La force océanique stratégique nous donne la capacité de frappe partout où la menace suprême pourrait se manifester. Depuis le lancement du sous-marin nucléaire lanceur d’engins "le Redoutable" le 28 janvier 1972, jusqu’à l’admission au service actif du sous-marin de nouvelle génération "le Terrible" en septembre 2010, nous avons toujours été en capacité d’assurer la défense de notre pays. Aujourd’hui les sous-marins de nouvelle génération assurent la permanence de notre dissuasion. Cette composante est modernisée, puissante et ses moyens de frappe contribuent à faire de la France un pays respecté. Elle est l’ultima ratio. Nous maintiendrons sa capacité et sa crédibilité.

La composante aéroportée offre au décideur politique, c’est-à-dire au président de la République, les alternatives, les complémentarités et les capacités d’adaptation indispensables dans un monde et face à des acteurs en perpétuelle mutation. L’armée de l’air française dispose à présent, avec le Rafale équipé du missile ASMP-A, de ce qui se fait de plus performant dans le domaine aérien. Les derniers exemplaires, équipés de la tête nucléaire aéroportée, ont été livrés en 2011. Depuis 2010, la capacité nucléaire aéroportée modernisée est opérationnelle sur le porte-avions Charles de Gaulle. La France, grâce à son effort soutenu, a donc fini de payer les investissements nécessaires à cette capacité. Visible et donc démonstrative en cas de crise majeure, cette deuxième composante nous permet d’éviter toute montée mécanique vers les solutions les plus extrêmes, parce qu’elle est réversible. Nous disposons donc de moyens proportionnés et suffisants, que j’entends maintenir.

La possession de l’arme atomique crée pour la France avant tout des responsabilités et des devoirs sur la scène internationale et va de pair avec des efforts de désarmement. C’est parce qu’elle respecte pleinement ses obligations de puissance nucléaire qu’elle est fondée à combattre sans faiblesse et sans concession ceux qui, dans le monde, ont engagé des programmes dangereux pour sa stabilité. Je ne relâcherai donc en rien les efforts pour résoudre, avec nos partenaires, les crises de prolifération en Iran ou en Corée du Nord. Je veux contribuer à ce que le droit, les traités et les décisions du Conseil de sécurité soient pleinement respectés.

Même si elle ne doit jamais cesser de s’adapter, je serai le garant de la capacité de dissuasion nucléaire de la France. C’est une prérogative spécifique du président de la République : je la revendique et l’assume pleinement".

(Tribune publiée dans "le Nouvel Observateur" du 22 décembre 2011)

dimanche 11 décembre 2011

Durban : la trahison

Veuillez trouver ci-dessous le communiqué de presse de la coalition CLIMATE JUSTICE NOW (www.climate-justice-now.org/fr/) dans laquelle sont engagés Attac France, l'Aitec, les Amis de la Terre, la Via Campesina, etc....

11 Décembre 2011

La COP17 succombe dans l'apartheid climatique

L'antidote est l'Accord des Peuples de Cochabamba (1)

Durban, Afrique du Sud – Les décisions issues du sommet des Nations-Unies sur le climat à Durban – COP17 – constituent un crime contre l'humanité, selon Climate Justice Now ! coalition de mouvements sociaux et de la société civile. Ici en Afrique du Sud, qui a inspiré le monde entier par les luttes de libération menée par la majorité noire du pays, les nations les plus riches ont créé avec cynisme un nouveau régime d'apartheid climatique.

« Retarder toute action réelle après 2020 est un crime aux proportions mondiales », selon Nnimmo Bassey, président des Amis de la Terre International. « Une augmentation de 4°C de la température mondiale, permise par ce plan, est une condamnation à mort pour l'Afrique, les petits États insulaires, et les pauvres et les personnes vulnérables de l'ensemble de la planète. Ce sommet a amplifié l'apartheid climatique, les 1 % les plus riches de la planète ayant décidé qu'il était acceptable d'en sacrifier les 99 % ».

Selon Pablo Solon, ancien négociateur en chef de l'Etat plurinational de Bolivie, « il est faux d'affirmer qu'une deuxième période d'engagements du protocole de Kyoto a été adoptée à Durban. La décision actuelle a seulement été reportée à la prochaine COP, sans engagement de réduction d'émissions de la part des pays riches. Cela signifie que le protocole de Kyoto restera en vie jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un nouvel accord encore plus faible ».

Les pollueurs de la planète ont bloqué toute réelle action et ont une fois de plus choisi de renflouer les banques et les investisseurs en décidant d'étendre les marchés du carbone pourtant en train de s'effondrer, ce qui comme toutes les activités des marchés financiers de nos jours permettent surtout d'enrichir quelques privilégi


« Ce que certains considèrent comme de l'inaction est en fait une démonstration de l'échec, palpable, de notre système économique actuel pour répondre aux crises économiques, sociales et environnementales » selon Janet Redman, de l'Institute for Policy Studies, basé à Washington. « Les banques qui ont provoqué la crise financière sont en train de faire d'importants profits en spéculant sur le futur de notre planète. Le secteur financier, acculé, cherche un moyen de s'en sortir à nouveau en développant de nouveaux produits pour soutenir un système défaillant ».

Bien que l'on parle d'une « feuille de route » proposée par l'Union Européenne, l'échec de Durban montre que c'est un cul-de-sac, une route pour nulle part. Les porte-paroles de Climate Justice Now ! appellent la communauté internationale à se rappeler qu'un véritable plan pour le climat, basé sur les besoins planétaires identifiés par les scientifiques et issu du mandat de mouvements populaires, a vu le jour lors du Sommet des Peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre-Mère en Bolivie en 2010. L'accord des peuples de Cochabamba, porté devant les Nations-Unies, a été supprimé des textes de négociations, alors qu'il proposait un moyen juste et efficace pour avancer, ce qui est terriblement nécessaire.

(1) - http://reporterre.net/spip.php?article1104