dimanche 29 août 2010

Pas d'écologie sans réflexion sur la décroissance !

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj66iKrCs5KtVfeug_20yTL01GPcr7JXBaCja3cX2gTAQY-afuQnGQYBZ5ATtOTJU7FjnwKqIEt0517atpF99mrYL9quO2PurG1p2EFmK7kyJse2fUE7Mn2b364ICe2kTrUTj4DBmteTykH/s400/decroissance.jpg

Nous publions un article "piqué" dans le Monde, c'est vrai, mais parce que nous voulons aider à faire penser un avenir qui échappe à la dictature de la croissance donc du libéralisme. Qu'il n'y ait pas d'écologie, d'écosophie possibles sans avancée dans le travail intellectuel sur la décroissance : nous en sommes sûrs. Reste à y contribuer en diffusant les textes qui font réfléchir les citoyens.

La réflexion sur la décroissance, seul moyen de libérer l'avenir


par Alain Gras, professeur de socio-anthropologie des techniques à l'université Paris-I et Philippe Léna, directeur de recherche à l'IRD. Le 26.08.10.

Nous ne doutons pas un instant des convictions écologistes de Corinne Lepage, qu'elle a démontrées à maintes reprises, parfois avec courage, y compris contre son propre camp politique. Sa charge contre la décroissance est néanmoins révélatrice des contradictions incontournables dans lesquelles s'enferment ceux qui, même parfaitement conscients des limites de la planète et des dangers que fait courir à la biosphère ce qu'on appelle le "développement économique", n'acceptent pas de remettre sérieusement en cause les mécanismes et l'idéologie qui sont à l'origine de la crise actuelle. Cela les amène à chercher désespérément un moyen de concilier le changement radical dont ils perçoivent l'urgence avec la perpétuation des valeurs structurantes de la société actuelle (compétitivité, "progrès", rentabilité…). Nous connaissions déjà le "développement durable", la "croissance verte" et maintenant nous avons la "macroéconomie soutenable" et la "société de transition". Après avoir traité d'oxymore, c'est-à-dire de contradiction dans les termes, la notion de décroissance prospère et, fort justement, celle de croissance durable, Corinne Lepage vante les bienfaits de la macroéconomie soutenable "qui redonne au politique son rôle et ses droits". Dans cette conception, ajoute-t-elle, "l'idée de croissance a disparu, laissant la place à l'innovation et au progrès". Sustainable en anglais se traduit aussi bien par durable que par soutenable. Les deux termes étant donc équivalents, Madame Lepage se trouve elle aussi prise au piège de l'oxymore : la notion de croissance durable serait absurde selon elle, mais cette macroéconomie qui pense le "capitalisme entrepreneurial" dans le cadre du marché libéral avec sa croissance aurait l'avantage d'être soutenable c'est-à-dire durable ! On a du mal à saisir la cohérence du propos.

On se demande comment le programme plein de bonnes intentions de Corinne Lepage parviendrait à marier le travail pour tous ("partagé", selon ses termes), la prise en compte de la finitude et de la rareté, un revenu disponible final décent pour tous, la protection contre toutes les insécurités, le "mieux vivre", sans débrancher la machine à créer de la valeur et des inégalités, machine qui nous a conduits là où nous sommes, et sans restreindre ce qu'H. Daly appelle le throughput (flux de matière et d'énergie venant de l'environnement et y retournant sous forme de déchets une fois passé par le processus de production-consommation). A quoi il faut ajouter l'impérieuse nécessité de diminuer l'empreinte écologique de l'humanité tout en accueillant 3 milliards de nouveaux terriens, et une consommation croissante pour environ 7 milliards d'entre eux. Comment cela sera-t-il possible ?



UNE AUTRE CONSOMMATION

Corinne Lepage soutient que "l'innovation et le progrès" nous sauveront dans ce cadre macroéconomique soutenable, or c'est précisément la succession ininterrompue des générations de tous nos appareils, que l'on jette après chaque nouveauté, qui constitue le fonds de commerce de la croissance. Quant au progrès, comment peut-on encore faire vivre, à l'intérieur de la pensée écologique, ce vieux mythe désuet et fourre-tout de l'optimisme béat ? Certes, un fort investissement technologique peut diminuer l'empreinte écologique par unité de produit, mais ce gain, en général tout à fait insuffisant, sera annulé par l'effet rebond d'une consommation croissante per capita (rappelons que même le simple statu quo actuel – ou état stationnaire – n'est pas soutenable). Du reste, l'ouvrage de Tim Jackson (par ailleurs excellent), cité par Corinne Lepage, nous rappelle opportunément que "la vision du progrès social qui nous meut – fondée sur l'expansion permanente de nos désirs matériels – est fondamentalement intenable". La "transition", dans cette version anglaise du mot d'origine française, chez Rob Hopkins notamment (fondateur du mouvement pour la transition), ne s'oppose pas à la décroissance, elle l'accompagne. Madame Lepage semble ignorer ce qu'écrivent les décroissants français depuis fort longtemps, ainsi que les nombreux ouvrages parus récemment sur la question, ou encore les revues qui théorisent la décroissance, comme Entropia, ou informent de manière plus polémique sur les mouvements en cours, tel le journal La Décroissance. A la lecture de ce texte nous sommes frappés par les réticences que montrent certains politiciens et intellectuels, pourtant engagés, à associer la menace bien réelle d'une fin possible à l'idéologie et aux pratiques du système économique mondial, et en particulier au modèle libéral.

...l'ouvrage de Tim Jackson

Il est vrai qu'une autre consommation, fondée sur la sobriété et la délibération démocratique à propos des choix technologiques et des productions à éliminer ou à développer sonnerait le glas de la société néolibérale. Est-ce la nécessité d'exorciser cette perspective qui conduit les tenants d'une "autre croissance" à montrer une telle ardeur et une telle créativité dans les formules ? La capacité humaine à projeter un avenir meilleur, la conscience que tout se transforme, ne nous semble plus devoir passer par la notion éculée de progrès. Cette dernière a surtout servi à faire accepter comme inéluctables des changements qui profitaient à une minorité. Une tout autre vision du monde reste à construire, la contestation des objectifs actuels de l'économie par la réflexion sur la décroissance le permet.


http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/26/la-reflexion-sur-la-decroissance-seul-moyen-de-liberer-l-avenir_1402812_3232.html

dimanche 22 août 2010

Les écologistes et la décroissance

À Nantes, au cours des journées d'été, le débat sur la décroissance n'a pas été esquivé mais il a révélé de très grandes nuances entre les différents "leaders" écologistes.



Daniel Cohn-Bendit refuse de se laisser enfermer dans le débat croissance/décroissance :

« On a besoin d'une transformation écologique des entreprises, ça ne se fera qu'avec des entrepreneurs. L'anticapitalisme, c'est la recherche de slogans qui ne fonctionnent pas.

L'attraction d'Europe Ecologie, c'est d'accepter la complexité. On ne réduit pas cette complexité en sortant des slogans qui ont une barbe incroyable. Si on a envie de ça, on revient à 1,5% des voix. »


La position de José Bové n'est pas si éloignée :

« Le terme de décroissance a été un très bon slogan coup de poing face à tous ceux qui croyaient au dogme de la croissance, indépassable. Ecrouler ce mythe, c'était important mais la réponse n'est pas dans le slogan.

Il faut se demander comment on fait croître la solidarité, la défense de la planète, une économie plus sobre et comment on fait décroître l'impact sur le climat, etc. Il n'y a pas une réponse en noir et blanc, pas un mot qui peut résumer tout. »


Le député de Paris, Yves Cochet dénonce « la croissance actuelle au sens d'Aubry et de Fillon qui est antisociale, anti-économique et anti-écologique. » Et de proposer, puisque « la décroissance est notre destin », quatre solutions :

  • l'autosuffisance locale et régionale ;
  • la décentralisation géographique des pouvoirs ;
  • la relocalisation économique ;
  • et la planification démocratique.
Très critiqué, Yves Cochet est le seul député qui sait répliquer à la critique selon laquelle la décroissance (ou sa variante, la croissance zéro) est un idéal de riches (1) !


La sociologue Dominique Méda (proche du PS), qui a longuement réfléchi sur la question des indicateurs de richesse, ne voulait pas du terme de décroissance jusqu'à ce qu'elle lise « Prospérité sans croissance, transition vers une économie durable » (2). Celui-ci l'a incitée à aller « vite et fort vers la décroissance. Mais pour cela, il faudra rompre vite et fort avec le capitalisme. Et est-ce que les gens vont accepter d'avoir beaucoup moins de revenus ? »

Les questions des revenus et de la popularité n'inquiètent pas du tout Paul Ariès. Dans le programme politique qu'il s'apprête à proposer à tous les partis de gauche, il veut un revenu garanti (élevé) et versé en partie en « droit de tirage sur les biens communs », et un revenu maximal autorisé.

Paul Ariès lance :

« Il faut rendre la décroissance désirable, sinon nous n'arriverons pas à convaincre les gens de peu que la décroissance économique est une croissance en humanité. Le bon combat n'est pas de manifester pour le pouvoir d'achat mais d'étendre la sphère de la créativité. »

Et de conclure, en forme de quasi-menace :

« Il y aura des gagnants et des perdants, il s'agit de savoir lesquels et de se ranger dans le bon camp. »

• Voir, dans Rue 89 : http://www.rue89.com/planete89/2010/08/20/decroissance-le-mot-qui-met-les-ecolos-en-ebullition-163260

• (1) Voir : Jean Chaussade. http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/20/parlons-de-repartition-avant-de-decroissance_1400808_3232.htm


• (2) http://www.fondation-nicolas-hulot.org/blog/prosperite-sans-croissance-la-transition-vers-une-economie-durable-de-tim-jackson. Dans cet ouvrage explosif, Tim Jackson fait le procès de la croissance économique illimitée. Dans les économies avancées, il devient de plus en plus clair que la croissance de la consommation n’augmente pas le bonheur et peut même lui nuire. Et il est encore plus évident que les écosystèmes qui portent nos économies sont en train de s’effondrer sous les coups de cette croissance. À moins que nous ne réduisions radicalement l’impact environnemental de l’activité économique – et rien ne prouve que cela soit possible –, nous allons devoir construire une prospérité qui ne repose pas sur la croissance continuelle. Hérésie économique? Ou opportunité pour renforcer les fondements du bien-être, de la créativité et construire une prospérité durable en dehors de la dictature du marché?

Tim Jackson propose une vision crédible d’une société humaine à la fois florissante et capable de respecter les limites écologiques de la planète. Réaliser cette vision est la tâche la plus urgente de notre époque.

Prospérité sans croissance

• Rappel : http://lesinfosdupicvert.blogspot.com/2009/08/la-prosperite-sans-la-croissance-est.html

samedi 21 août 2010

Le Jour du dépassement

earth-overshoot-logo-no-year.gif

Le jour du dépassement est une date dans l'année où, théoriquement, les ressources renouvelables de la planète pour cette année auraient été consommées. Au-delà de cette date, l'humanité puiserait dans les réserves naturelles de la terre d'une façon non réversible si bien qu'à terme la raréfaction des ressources condamnera l'humanité à rationner les ressources.

Cette date est calculée par l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network, et publiée sous le nom de Earth Overshoot Day. Chaque année, depuis 1986 (première année de dépassement d'après les calculs), cette date est de plus en plus précoce dans l'année. En 2010, la date calculée est le 20 août 2010.

Le jour du dépassement global est un nouvel indicateur dont l'objectif est de réveiller le monde. Un calcul simple permet de rapporter cette mesure sur une échelle de temps. En divisant la capacité de production du milieu naturel par l'empreinte écologique multiplié par 365 on obtient le nombre de jours de consommation que la terre peut supporter.



« Cette mobilisation est essentielle au moment où les conséquences de la surexploitation des ressources éclatent au grand jour. Nous consommons et brûlons plus de carbone que les forêts et les océans ne sont capables d’en absorber, ceci entraînant des dérèglements climatiques majeurs. La déforestation intensive, le captage excessif de l’eau douce dans certains pays en voie de désertification, la surpêche dans les océans en sont d’autres exemples. Seuls des changements profonds, basés sur des principes de sobriété et d’équité dans l’utilisation des ressources nous permettront de construire les fondements de sociétés soutenables. » Explique Alain Dordé, secrétaire des Amis de la Terre, à l’occasion de la prochaine « journée du dépassement ».


Le « jour du dépassement », déterminé par l’association canadienne Global Footprint Network, est relevé selon les critères de ressources disponibles et la consommation totale de ces ressources par l’humanité sur une année. Ainsi le « jour du dépassement » correspond à celui ou la consommation devance les ressources biologiques, signifiant l’emprunt de l’humanité sur les systèmes écologiques.

Le samedi 21 août marquera donc ce « jour du dépassement » « nous aurons à ce jour entièrement consommé le budget écologique annuel de la Terre. » explique Alain Dordé.

A l’occasion du samedi 25 septembre, l’organisation, Les Amis de la Terre, tentera de rassembler nos consciences en livrant des informations sur la surconsommation des ressources biologiques et des besoins nécessaires quant à l’équité entre pays riches et pays pauvres. Plusieurs groupes et organisations locales seront réunis ce 25 septembre pour débattre de nos sociétés et nos modes de consommation, afin de tendre vers une société sobre et supportable.

http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH383/consommation3c5d-51f1d.jpg

D'écologie en Écojoly.


Quel message écologique serait-elle en mesure de faire passer ?

Éva Joly pourrait bien être la candidate des écologistes pour les élections présidentielles de 2012.
Cette magistrate de 66 ans est en la pleine possession de ses moyens.
Elle sait parfaitement qu'elle ne sera pas élue.
Elle sait aussi qu'elle pourrait être la candidate écologiste ayant obtenu le meilleur score depuis qu'il y a eu des candidats verts présents lors de l'élection majeure du système politique français.

http://medias.lepost.fr/ill/2010/08/19/h-3-2188909-1282216556.jpg

Éva Joly, ou Diva jolie, ou Écojoly, qu'importe ! Ne la rendons pas ridicule !

L'essentiel devrait tenir en trois propositions :
• Que dans ce scrutin, d'avance truqué, une parole écologique, sans concession, à la hauteur des enjeux de civilisation, s'exprime tout de même, devant le pays.
• Que le résultat obtenu soit respectable et rendent obligatoire la prise en compte de ce courant de pensée populaire, social et écologiste.
• Que les voix obtenues ne soient pas revendues à des productivistes nucléaires dits "de gauche".


Pour aller tout droit, ou tout à droite, par exemple, votez Strauss-Kahn ?

Il va de soi que sans mise en cause des institutions de la Ve République et sans rupture du lien entre le pouvoir et les grandes fortunes, cette candidature n'aurait aucun sens.

L'élection du Chef de l'État au suffrage universel a vécu. Ceux qui veulent faire perdurer ce système anti démocratique dont on a vu toute la malfaisance, lourdement aggravée par le couplage des présidentielles et des législatives, ne devraient pouvoir bénéficier des suffrages des écologistes.

La "gauche de gauche", si elle devait exploser, de nouveau, en chapelles électorales, se ridiculiserait à jamais et devrait être, un bonne fois pour toutes, abandonnée, à commencer par les chapelles du PCF et du NPA qui ont perdu toute crédibilité.



Que ceux qui cherchent ailleurs s'en souviennent : une page historique s'est tournée. Quiconque resterait englué dans des vieilleries politiciennes subirait un échec retentissant. Et c'est ce sur quoi compte une droite mal en point mais qui n'a pas, en son jeu, comme seul atout, Nicolas Sarkozy qui, décidément, n'a rien d'un as ni d'un roi.

vendredi 20 août 2010

Ils trahissent l'écologie comme les socialistes ont trahi le socialisme

Les écologistes sont une aberration

... estime Fabrice Nicolino. Je ne suis pas loin de penser de même. Ils trahissent l'écologie comme les socialistes ont trahi le socialisme. Il y a des exceptions, certes. Mais sur le fond, ils confondent le pouvoir et la possibilité d'action, et cela les conduit à l'électoralisme, d'abord. Au risque de tuer l'écologie. Je reviens de Nantes et fais la même lecture des comportements que Fabrice Nicolono. Lisons-le.

http://www.superno.com/photos/galleries/Divers/fabrice_nicolino.jpg

Je me vois comme une aberration, et je pense, et j’espère même que nombre d’entre vous ressentent la même chose. Je n’écris pas cela pour le (douteux) plaisir de me pousser du col, histoire de me distinguer par le paradoxe, sous les applaudissements. Non, je jure solennellement que je le crois. Une aberration.

Les hommes normaux, quelle que soit leur couleur politique, jouent le rôle que la vie leur a octroyé. Les écologistes, non. Je précise que je ne place pas dans cette dernière catégorie ceux d’Europe-Écologie ni bien entendu, malgré quelques exceptions, les Verts. Non pas. Pour d’innombrables raisons que je ne peux ni ne souhaite d’ailleurs expliciter, ce courant politique n’a rien d’écologiste. Post-soixantuitard - très tard -, individualiste, hédoniste, « environnementaliste » peut-être, mais écologiste, sûrement pas. Voyez plutôt la plaisante et désespérante pantomime jouée au cours des Journées d’été des Verts, à Nantes. Ces mensonges, ces trucages, ces traquenards, ces scènes mille fois jouées et rejouées depuis la création du mouvement, en 1984.

Dans ce conglomérat, je connais certains de près, j’ai même de vieux amis, mais considéré globalement, il n’est qu’une queue de comète dérisoire de mouvements nés il y a quarante ans. Au reste, la plupart de ces gens, Cohn-Bendit en tête, sont des papys et des mamies. Ne rêvons pas : ils incarnent la critique modérée d’un monde extrémiste, qui menace tout, et finira par emporter ce qui tient encore debout. Non, je vous en prie, ne nous trompons pas. Les écologistes sont ceux qui entendent soumettre la politique d’aujourd’hui aux vastes impératifs de demain. Ils prétendent s’occuper du tout qu’est la vie, faite de toutes les vies de tous les êtres vivant sur terre, et la sauver. Ce projet délirant ne peut que s’opposer aux misérables combinazioni qui font le quotidien des réalistes.

S’il est à ce point délirant, c’est que les humains ne sont pas programmés pour cela. Quand j’écris programmé, je ne sais pas ce que je veux dire. S’agit-il de génétique, de culture, plus probablement d’un mélange aléatoire des deux ? Il est en tout cas manifeste que l’action humaine se porte sur l’immédiat. Le jour même, souvent, et l’on comprend cela sans peine chez eux qui ont « le pain quotidien relativement hebdomadaire ». Même chez ceux qui mangent, même chez ceux qui consomment comme et quand on leur dit de faire, l’horizon ne dépasse pas, dans le meilleur des cas, celui des enfants de la famille. Encore entend-on rituellement, chez la plupart, cette phrase sacramentelle : « Ils se démerderont, comme on a fait ». Où l’on voit bien que l’aveuglement ne saurait être plus total. Car ces excellentes personnes, que nous connaissons tous, ne voient pas que, précisément, on ne pourra pas se démerder. Pour la raison bien simple qu’un tsunami aura entre-temps emporté la plupart des esquifs disponibles.

Que se passe-t-il ? Exactement les mêmes phénomènes qu’à toutes les périodes de l’histoire connue des hommes. On s’intéresse à son sort, on joue des coudes pour obtenir un peu plus d’air, de bouffe et de confort, et l’on imagine ce que l’on est capable d’imaginer, c’est-à-dire la répétition du même. Or la crise écologique, par un extraordinaire coup du sort, n’est pas une répétition. C’est une radicale nouveauté. S’y adapter nécessiterait de rompre mentalement avec des millénaires de tradition humaine. Peut-être bien davantage. Au cours de ce si long passé, il s’agissait pour l’essentiel de s’emparer de ce qui pouvait se présenter. Comme nous n’étions jamais sûrs que la chance passerait une seconde fois, nous engloutissions au plus vite, en se cachant éventuellement, ce que nous trouvions sur le chemin. Toujours ça de pris !

Rien n’a changé, sauf que plus rien n’est pareil. Il faudrait apprendre en quelques années ce que des dizaines de siècles nous ont appris à dédaigner. Le temps long. La coopération définitive. La paix. Les liens cachés entre toutes les créatures et tous les êtres. La supériorité ontologique de la vie sur la mort. On n’y est pas. Je vois bien que mes contemporains n’entendent pas faire passer le sort des chauves-souris et des Mongols, des vautours et des Lapons, des ours bruns et des Bantous, des chimères et des Achuar, des licornes et des Penan, avant les élections de 2012.

J’en reviens au point de départ. Les écologistes sont une aberration culturelle et chromosomique. Ils ont donc tort, et on leur rira encore longtemps au nez. Mais l’évolution est d’un mystère insondable, et tire profit, parfois contre toute attente, d’une minuscule altération que personne n’avait jusque-là remarquée. Aussi bien, la distance entre une aberration et une altération n’est pas si grande que cela. Nous n’avons pas la moindre chance d’être entendus par ce monde imbécile et cruel. Mais il suffira d’une seconde, d’une fraction de seconde, d’un lumignon, d’un fenestron. Et tout le reste suivra. Voyez, je suis dans un jour de trêve, et de rêve.

Les principaux livres de Fabrice Nicolono.

samedi 14 août 2010

Rassurant : la Russie maîtrise le nucléaire !

Tout est dit : la Russie persiste à se vouloir en capacité de développer, seule, le nucléaire, dans la fédération comme à l'extérieur, tout en protégeant ses installations. Elle est, comme la France, un danger pour le monde mais ne l'admettra jamais. En voici des preuves.

Vue de de la centrale nucléaire de Bouchehr, en Iran.

Centrale de Bouchehr

AFP- Mis en ligne le 13/08/2010

1 - La Russie met en route la première centrale nucléaire d'Iran

http://www.lalibre.be/actu/international/article/602330/la-russie-met-en-route-la-premiere-centrale-nucleaire-d-iran.html

L'agence nucléaire russe Rosatom a indiqué que le combustible nucléaire serait alors chargé dans le réacteur de la centrale de Bouchehr, dans le sud de l'Iran, première étape vers sa mise en service effective.

La Russie a annoncé vendredi qu'elle allait procéder le 21 août au lancement technique de la première centrale nucléaire iranienne, une installation qui fait grincer des dents dans les pays occidentaux qui accusent Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique.

"Le combustible sera chargé dans le réacteur le 21 août. A partir de ce moment, Bouchehr sera considérée comme une installation nucléaire", a expliqué le porte-parole de Rosatom, Sergueï Novikov.

L'agence russe du nucléaire n'a cependant pas précisé quand la centrale serait réellement mise en service et produirait de l'électricité.

La construction de Bouchehr avait été officiellement achevée en février 2009 et la Russie avait ensuite livré le combustible nucléaire nécessaire à son fonctionnement.

Les responsables russes ont pour leur part souligné que le développement de Bouchehr se faisait sous le contrôle de la Russie, allié historique de l'Iran, et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).


2 - La Russie va construire une centrale nucléaire flottante.

http://www.planetenonviolence.org/Nouvelle-Centrale-Nucleaire-Russe-sur-une-Plateforme-en-Mer_a876.html


Modèle informatique de la future plateforme nucléaire russe Copyright Der Spiegel.

Les défenseurs de l’environnement lancent un appel craignant une catastrophe nucléaire en mer. Les experts en prolifération nucléaire font remarquer que la plateforme nucléaire flottante utiliserait, pour produire de l’électricité, de l’uranium du type de celui utilisé dans la fabrication des armes nucléaires.

La semaine dernière la Compagnie d’énergie nucléaire russe Rosenergoatom et le poste militaire de stationnement maritime Semach à Severodvinsk sur la mer Arctique ont signé un contrat pour la construction de la première centrale nucléaire flottante au monde. Celle-ci, longue de 140m et large de 30m, coûtera 270 millions de dollars et sera pourvue de 2 réacteurs dans sa quille. Ensemble, ils produiront 70 mégawatts d’électricité, presque le 20ème de ce que peut produire une centrale fixe sur terre. La plateforme de Modele informatique de la future plateforme nucléaire russe Copyright Der Spiegedevrait devenir opérationnelle en 2010, mais cela pourrait juste marquer le début d’un projet de production en séries. Des pays comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie, et les pays du Golfe Persique se sont déjà montrés intéressés, semble-t-il.

Les plans russes promettent une solution flexible aux problèmes d’énergie : la plateforme peut abriter une équipe de 55 membres d’équipage, un centre de contrôle des réacteurs, et de quoi stocker les bâtons de fuel nucléaire. Néanmoins des remorqueurs seront nécessaires pour amener la plateforme sur son site de production, car elle ne sera pas elle-même équipée de moteurs à propulsion. Les russes affirment que ce bateau pourra répondre aux besoins énergétiques des villes côtières de 200 000 habitants.

L’organisation pour la protection de l’environnement norvégienne Bellona a décrit le projet comme une « idée complètement malade ». Les norvégiens sont soutenus par le groupe de protection de l’environnement russe Green Cross. Le porte parole du groupe, Vladimir Kuznetsov, ancien directeur de l’Agence Russe de Régulation Nucléaire, croit que les plateformes flottantes sont une « menace aux océans de la planète et au TNP ».

Le problème c’est en fait que des réacteurs du type KLT-40C devraient être utilisés sur la plateforme. Les réacteurs de ce type sont également utilisés pour fournir l’énergie des brises glaces nucléaires russes. Les réacteurs seraient certainement modifiés pour servir comme fournisseurs d’énergie, mais cela ne change pas le fait qu’ils sont de conception délicate et sujets aux accidents. Les réacteurs fonctionnent en utilisant des bâtons de fuel nucléaire constitué à 40% d’Uranium fissible 235. Ce type d’uranium est du type employé dans l’armement, et pourrait être utilisé pour construire des douzaines de têtes nucléaires. Des soldats seront nécessaires pour protéger la plateforme de terroristes.

La sécurité effective de cette entreprise est loin d’être fiable. Alors que les accidents de réacteurs sur les bateaux russes sont gardés secrets, des informations sur plusieurs accidents sérieux à bord des brises glaces à énergie nucléaire ont été dévoilés à l’ouest. Dans deux cas au moins, des matériaux nucléaires ont fondu sur ces bateaux brises glaces suite à une défaillance des systèmes de refroidissement.

Parce que la centrale sera refroidie en utilisant l’eau de mer, un incident du réacteur pourrait entraîner la contamination de zones maritimes entières. Selon l’expert suédois Oddbjörn Sandervag, les effets d’un accident d’un pétrolier serait négligeable en comparaison.

Ce concept reste aussi économiquement peu convaincant. Le prix du kwh sera de 6 cents, selon le directeur du projet. Les centrales fonctionnant au Gaz produisent de l’énergie au prix de 2 cents. Et cela n’inclut pas le coût de l’assurance, la sécurité et le coût pour se débarrasser de cette centrale après une utilisation moyenne de 40 ans.


3 - Le feu approche du centre nucléaire de Sarov.

http://www.lefigaro.fr/international/2010/08/12/01003-20100812ARTFIG00522-les-feux-russes-menacent-toujours-des-sites-nucleaires.php

Principale source d’inquiétude du ministère russe des Situations d’urgence : l’incendie qui ravage une réserve naturelle à l’est de Moscou, gagne du terrain et approche du centre nucléaire de Sarov. Les autorités admettent qu’il représente "un certain danger".

La situation s'est de nouveau  dégradée dans la région de Sarov, qui abrite un important complexe  nucléaire, évacué la semaine dernière en urgence de tous ses matériaux  radioactifs.

Source : Le Figaro

La situation s'est de nouveau dégradée du côté de Sarov, qui abrite un centre où sont fabriquées des bombes atomiques.

La situation est à l'image du ciel de Moscou, trompeuse. Dans la capitale débarrassée de son nuage de fumée, le niveau d'oxygène reste 4 fois inférieur à la normale. De même, si la superficie totale des incendies ne cesse de diminuer, la menace nucléaire n'est toujours pas écartée.

Les incendies ont gagné Sosnivka, une localité ukrainienne située à moins de 60 km au sud de Tchernobyl. Plusieurs hectares de tourbières y brûlent depuis lundi, a annoncé jeudi le ministère ukrainien des Situations d'urgence. En Russie, 3 900 ha de zones contaminées par la catastrophe de 1986 sont touchés, explique l'Agence fédérale des forêts, sans préciser si les incendies y sont toujours actifs. Alexeï Iablokov, fondateur de Greenpeace Russie, soutient, malgré les avis rassurants des experts occidentaux, que la fumée des incendies peut propager des particules radioactives sur des centaines de kilomètres, y compris jusqu'en Europe de l'Est.

La situation s'est de nouveau dégradée dans la région de Sarov, qui abrite un important complexe nucléaire, évacué la semaine dernière en urgence de tous ses matériaux radioactifs. Un train, utilisé par les pompiers comme réservoir d'eau, a été positionné sur la voie ferrée menant à Sarov, interrompant le trafic.

Au total, sur les 810.000 hectares en proie aux flammes à travers la Russie, le ministère des Situations d'urgence recense encore plus de 550 incendies, dont 66 feux majeurs. Des chiffres revus à la hausse par l'Agence fédérale des forêts qui évoque près de 600 incendies et 107 feux majeurs.



Archives du blog