lundi 27 septembre 2010

Où sont les otages ?

Les employés d'AREVA victimes d'un rapt sont des otages.

Les habitants du Niger victimes des activités d'AREVA ne le sont-ils pas aussi ?

contamination a l'uranium au gabon et Niger

http://nucleaire-nonmerci.net/actualite/areva-contamination-uranium.html

Sortir du Nucléaire communique :

Otages du Niger : le vrai prix de l'électricité nucléaire

Depuis le 16 septembre, aucune nouvelle des salariés enlevés au Niger. On parle d’AQMI, d’Al Qaïda, mais pas un mot sur les revendications des habitants du désert. Jamais n'est évoqué le contexte géographique, économique et humain d'une région qui produit l'uranium utilisé dans le tiers des centrales nucléaires françaises.

Les ressources mondiales en uranium sont limitées, réparties entre une dizaine de pays, dont le Niger, l'un des pays les plus pauvres du monde. Selon l’ONU et la FAO, 47% des Nigériens sont en situation d’insécurité alimentaire (dont 86% des agriculteurs).

Cet uranium profite à AREVA, mais il nuit aux Nigériens : en quelques années, deux mines d’uranium et 130 permis de recherche minière ont spolié les habitants et les terres agro-pastorales voisines. À cause de l'extraction de l'uranium, on assiste à une destruction de la flore et la faune, à une contamination de l’air par les poussières et les gaz radioactifs, et à une très importante contamination de l’eau, accompagnée de l’épuisement de deux grandes nappes fossiles, à hauteur de 70% de leurs réserves. Les mineurs nigériens travaillent dans des conditions épouvantables pour leur santé. La population locale est malade de la radioactivité. Voilà le vrai prix de l'électricité nucléaire, payé ici par les seuls Nigériens.

La facilité avec laquelle s'est opéré l'enlèvement des salariés d'AREVA et de Vinci pose de nombreuses questions... La France envoie sur place une importante assistance militaire, alors que d'autres enlèvements dans la région, sans liens avec AREVA, avaient laissé le gouvernement français quasiment indifférent.

Cet événement dramatique, qui plonge des familles dans l’angoisse, doit aussi nous rappeler la dépendance énergétique de la France. La production d'EDF SA nécessite de l'uranium en provenance de pays instables et dangereux comme le Niger. Cet épisode met en lumière le néocolonialisme français, cette "Françafrique" qui génère de nouveaux conflits, pille les ressources naturelles, détruit l'environnement, met en péril les populations autochtones, mais aussi les employés d’entreprises comme AREVA ou Vinci.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à la France de prendre en compte la crise humanitaire et écologique liée aux mines d'uranium, au Niger et ailleurs.

S'il fallait répercuter le coût de cette crise sur le prix du Kilowattheure, ce serait la fin du mythe de l'électricité nucléaire "bon marché". L'avenir n'est pas au nucléaire, mais aux économies d'énergie et aux énergies renouvelables.

Contact presse : Jean-Pierre Minne, 06 71 07 24 47

Plus d'informations :
http://www.sortirdunucleaire.org/dossiers/uranium.html

vendredi 24 septembre 2010

Collectivités locales en danger ! Les services publics aussi...

Vinci ("Premier groupe mondial de concessions et de constructions" -sic-) gère, à présent, les parkings de l'agglomération de Cergy Pontoise. Encore un service public délégué ! La ville d'Éragny-sur-Oise se mobilise contre les intentions noires du gouvernement qui s'en prend aux services publics en limitant les moyens d'agir des villes. Elle a raison. Elle organise, ce jour, un débat. Bravo ! Cela tombe bien : moi aussi "je suis attaché aux services publics de proximité".

Et pourtant ! Récit :
"Hier soir, vers 20 heures. Je me rends à la gare de Neuville-Université pour y accueillir une élue de Nanterre venue participer à un débat au cinéma Utopia de Saint Ouen l'Aumône. Je stationne, sagement, sur le parking des particuliers et me refuse à attendre, comme beaucoup le font, le soir, sur le parking réservé aux bus. Je recueille donc un ticket, croyant disposer du temps appelé " dépose minute" (20 minutes!). Le train a quelque retard. Je regagne, avec l'invitée, mon véhicule et suis bloqué à la sortie. Il faut sortir sa carte bleue et payer 1,30 € !"

J'ai pris ça mal puis j'ai réfléchi, et compris. Les trains n'ont qu'à être à l'heure. Aucune gratuité n'est plus admise ! Tout est dans l'ordre. Le prix n'est pas, à première vue, exorbitant mais le symbole est fort. À y regarder de près; cela fait 3 à 4 euros de l'heure ! Vinci est désormais le patron et tout usage, même limité, sera payant. Le marché est aux mains d'un professionnel de la tarification qui se paie largement sur le dos des usagers. Pas d'exception. J'y vois une arnaque ! Ce n'est pas, en tout cas, ce que j'appelle un service public.

Car un parking est un service public. Tout service a un coût. Soit ! Ce n'est pas ce qui fait problème. Que les usagers concourent au paiement du service n'est pas choquant ! Mais, (car il y a un mais...), pas en faisant de ce service un marché, exploité par des crocodiles ! J'ai souvent confiance en la collectivité mais pas en des commerçants, géants et expérimentés, dont le premier intérêt est de faire des profits! Il faut aider à recourir aux transports en commun. Ceux qui ne peuvent encore faire autrement que de rejoindre la gare en automobile sont bel et bien piégés.

L'Agglomération de Cergy-Pontoise est, à présent, totalement dépendante de ces grosses entreprises (Vinci, Veolia, Suez...) auxquelles elle a délégué la gestion des services publics. Que les élus qui dirigent les communes de l'Agglomération aient cette conception là du service public finit par faire douter de la réalité des idées socialistes dont ils se réclament. Ce n'est pas, en tout cas, ce que l'on est en droit d'attendre pour ce qui est du service de l'eau, de l'assainissement, du chauffage urbain, des parkings, en partie des transports, et d'autres encore...

Da vinci code était un film où ceux qui se pensaient des saints étaient des assassins. Je n'aurais certes pas confié la gestion des parkings des gares à Vinci Park..., ces champions de la "mobilité durable" qui gagnent d'autant plus durablement sur le dos des usagers qu'ils sont plus mobiles !



Citation :

"Acteur engagé aux cotés des villes qui veulent concilier mobilité urbaine et dynamisme économique, VINCI Park met en oeuvre les politiques voulues par les collectivités locales en gérant le service public du stationnement. (Est-ce bien ce que veulent les élus ?)
Pour VINCI Park le stationnement ne peut être pensé qu'en concertation avec les différentes formes de mobilité qui concourent au dynamisme de la vie urbaine. Les partenariats avec les opérateurs de transports collectifs, la complémentarité avec le vélo urbain et le développement d'Okigo, acteur de l'autopartage à vocation nationale, constituent plusieurs formes de l'engagement voulu par VINCI Park pour contribuer à une mobilité durable. (Est-ce bien là le "développement durable" tant vanté !).

Voir : http://www.vincipark.com/

lundi 6 septembre 2010

C'est parti pour la décroissance



ou

http://www.partipourladecroissance.net/

Je ne suis pas étranger à la proposition de transformer "le parti pour la décroissance"en "partis pour la décroissance". Ambiguïté, heureuse ou fâcheuse !"Parti(s) pour la décroissance"? "Partis" se lit comme un participe passé, alors que "parti" est un nom d'organisation.
Jean-Pierre Dacheux

http://www.phototheque.org/data/media/1047/4_sept_2010_0077.JPG

Mais voici un texte qui donne à réfléchir :

A l’occasion d’une tribune accordée à Yves Cochet par le journal Le Monde, durant l’Université d’été d’Europe-Ecologie, sur le thème de la décroissance, nous souhaitons rappeler ce qui nous sépare de cette vision catastrophiste (mais néanmoins juste) relayée par les médias : nous considérons que la Décroissance n’est pas seulement une situation imposée dont la gestion se limiterait à quelques secteurs, mais bel et bien un projet sociétal souhaitable qui reste à rendre désirable pour tous.

Deux années après son irruption sur la scène politique, l’identité d’Europe-Ecologie fait débat, que ce soit son organisation entre coopérative, confédération ou fédération, situation qui n’est pas sans rappeler celle que nous connaissons dans notre non moins nébuleuse Décroissance ou son programme : croissance verte ou Décroissance ?

Souvenons-nous qu’Europe-Ecologie est le résultat d’un blanc-seing laissé par le parti « Les Verts » à Daniel Cohn-Bendit, en vue des élections européennes, afin de relancer le mouvement, après des résultats électoraux plus que mitigés. Le « contrat » était simple : donner totale liberté à Dany le caméléon contre la promesse d’obtenir 10 % aux Européennes et maintenir une présence forte d’élus écologistes au parlement européen.
Ainsi, Cohn-Bendit a réussi – non sans problème du fait de la logique médiatique qui préside à sa carrière politique – à construire une image d’écologie « moderne », capitaliste et croissanciste, en réunissant des personnalités aussi variées que Yannick Jadot, Eva Joly ou José Bové.

Le cirque médiatique est allé croissant avec les succès électoraux obtenus aux Européennes, puis aux Régionales. Par contre, la question du projet et de l’organisation du mouvement, original du fait de son ouverture affichée vers la société civile et les associations, avait un peu été mise de côté.

Aujourd’hui, le débat est intense tant au niveau du fonctionnement interne que du projet à proposer aux citoyens.

Yves Cochet, député vert et ancien ministre, connu dans le mouvement de la Décroissance pour ses prises de position engagées et sa participation à la revue Entropia, est rejoint par un certain nombre de militants désirant revenir à une pensée plus radicale, loin des slogans démagogiques de l’écotartufferie. Ils mettent en avant la question de la décroissance, de la finitude de la planète, de la raréfaction des ressources naturelles, ainsi qu’un questionnement sur la crise anthropologique que nous vivons, convergence des crises financière, culturelle et démocratique.

Nous ne pouvons qu’approuver ce renouveau d’intérêt, tout en précisant que la Décroissance prônée par notre mouvement a une définition différente de celle donnée par Yves Cochet. Dans son rôle de catastrophiste éclairé, Yves Cochet, en partie à raison, voit en la décroissance, non pas un projet de société, mais quelque chose d’inéluctable : une croissance infinie dans monde fini n’est pas possible, un simple fait à prendre en compte.

Quant à nous, nous souhaitons pousser la réflexion : et s’il était possible de croître indéfiniment, est-ce que cela aurait davantage de sens ? Le « toujours plus » comme projet de société n’est-il pas lui aussi absurde, si une croissance infinie dans un monde fini est une absurdité ? C’est pourquoi nous faisons le choix de la Décroissance, comme nouveau paradigme soutenable et surtout souhaitable.

Avec la Décroissance comme slogan provocateur, mot obus, ouvrons le débat chez Europe-Ecologie et dans la société, autour du mythe de la Croissance, de la religion de l’économie, de la centralité de la valeur travail, du culte de la puissance et du toujours plus, de l’idéologie de compétition, du sens des limites et surtout de la joie de vivre, du bien-être, de la solidarité et de la convivialité.

Certes la décroissance est inéluctable, mais elle est surtout souhaitable car notre mode de vie n’est pas seulement insoutenable, il est aussi absurde. Nous voulons une Décroissance désirable (qui s’écrira au pluriel) non parce que « moins signifie mieux », ce qui serait tout aussi illogique que la pensée actuelle associant plus et mieux, mais parce que la crise multidimensionnelle sans précédent, que nous traversons, nous invite à nous remettre en question.
La Décroissance est ce pas de côté qui nous sort du capitalisme, qui nous permet de nous échapper de sa pensée et de son organisation centralisée autour du profit, de l’individualisme et de l’irresponsabilité collective. Elle est bien davantage que quelques éco-gestes indispensables, comme isoler les bâtiments, ne prendre sa voiture que pour les longues distances et manger « bio », elle implique de repenser notre mode de vie, nos productions, nos déplacements. C’est un chantier immense qui remet en cause tout ce qui a été fondé sur les valeurs de la société croissanciste.

La Décroissance, dans tous les cas, est bien loin des calculs politiques si chers à nos médias, à l’applaudimètre lors de l’université d’Europe-Ecologie, tout comme Yves Cochet, Paul Ariès, le détracteur de Dany, semble bien se tenir.


http://www.partipourladecroissance.net/wp-content/uploads/2010/05/Image-2.png
http://www.partipourladecroissance.net/

dimanche 5 septembre 2010

On a toujours tort d'avoir raison trop tôt

La campagne présidentielle écologiste, en 2012, que ce soit Éva Joly ou quelqu'un d'autre qui la porte, sera-t-elle au niveau de celle de René Dumont en 1974 ?

http://biosphere.blog.lemonde.fr/files/2007/05/logobiosphere-2.1179473445.miniature.JPG

1/6) Naissance de l’écologie politique
René Dumont présente en 1974 sa candidature à la présidence de la République sur une plate-forme écologique ; l’écologie politique est née. C’est le résultat de trois ans de réflexion : publication du rapport du Club de Rome (les méfaits des exponentielles), querelle Mansholt-Marchais, articles de l’Ecologist, déclaration de Menton (alerte de crise écologique) signée par des centaines de scientifiques, de la Conférence des Nations unies sur l’environnement de Stockholm. C’est le résultat de trois ans de prise de conscience militante, d’abord underground puis publique, des marches de Fessenheim, de Bugey, de Gravelines contre la construction de centrales nucléaires, des manifestations du Larzac, du débat sur le parc national de la Vanoise, des manifs à vélo de Paris. C’est le résultat du mépris dans lequel ont été tenus les Français depuis dix ans, en ce qui concerne la gestion de leur environnement.
A chaque élection, des écologistes en colère vont trouver les candidats des divers partis politiques. Ils sont reçus avec… une certaine condescendance. En juin 1972, le ministre des finances Giscard d’Estaing organise un colloque sur les conclusions fort alarmantes du Club de Rome. En mai 1974, le candidat Giscard d’Estaing ne leur accorde plus la moindre considération, ne parle que de croissance ! Et pourtant les écologistes anglais, américains et français sont tous d’accord. Si nous maintenons le taux d’expansion actuel de la population et de la production industrielle jusqu’au siècle prochain, ce dernier ne se terminera pas sans l’effondrement total de notre civilisation. Par épuisement des réserves minérales et pétrolières ; par la dégradation poussée des sols (érosion, lessivage, latérisation…) ; par la pollution insoutenable de l’air et des eaux ; enfin par une altération des climats, due notamment à l’accumulation du gaz carbonique…
Une fois la nourriture et le logement assurés, aucun problème n’est plus important pour l’avenir de la France que l’environnement. Voilà pourquoi le mouvement écologique devient politique. Voilà pourquoi, pour la première fois dans l’histoire des sociétés, un homme présente sa candidature à la direction d’un Etat avec pour programme la préservation de la vie. Il est grand temps que réagissent tous ceux qui se préoccupent de la société que nous laisserons à nos descendants.

2/6) Démographie et surpopulation
Une croissance démographique insensée vient empirer la situation. Depuis 1650, la population du globe a augmenté à un rythme exponentiel. Nous sommes près de 4 milliards, nous serons 7 milliards en l’an 2000 ; même avec une réduction importante des taux de fécondité, on ne serait pas loin de 6 milliards. C’est la FIN du monde ou la FAIM du monde. Nous sommes les premiers à avoir dit que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers-Monde, par le gaspillage des matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesse.
L’homme attaque la nature depuis 100 000 ans par le feu, le déboisement, le défrichage, etc. Nourrir plus d’homme implique la destruction du milieu naturel. Du reste, si nous nous multiplions inconsidérément, le phosphore nécessaire à l’agriculture manquerait bientôt. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. La « France de 100 millions de Français » chère à M.Debré est une absurdité. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances ; la liberté de la contraception et de l’avortement. Nous luttons pour le droit absolu de toutes les femmes de régler à leur seule convenance les problèmes de contraception et d’avortement.

3/6) Agriculture en péril
L’espace disponible se rétrécit : les 100 000 hectares des meilleures terres disparaissent sous le béton, un cinquième de département français. Il faut abolir le système de subventions agricoles qui revient à donner une Mercedes de plus à ceux qui en ont déjà une.
L’agriculture intensive, quand elle néglige la fumure organique et n’utilise que des engrais minéraux accompagnés de pesticides divers, menace gravement sa propre pérennité. La récupération de tous les déchets organiques est une exigence absolue. Pour produire 1000 calories de bifteck, on dépense 2500 calories de pétrole. Une laitue de serre demande un litre de pétrole. L’emploi des engrais artificiels, qui se développe à la suite des travaux de Liebig, repose sur une méconnaissance des règles de la nutrition végétale. Il ne tient pas compte de la vie du sol, ni de l’association mycorhizale, c’est-à-dire de ce pont que forment des champignons vivants entre le sol et les racines. Le résultat, c’est que l’agriculture surindustrielle stérilise les sols, déséquilibre les plantes cultivées et leur ôte toute résistance, ce qui rend nécessaire l’emploi d’une quantité de pesticides. D’ailleurs les marchands d’insecticides et d’engrais, comme par hasard, sont les mêmes.
L’agriculture écologique peut offrir une solution durable : façons culturales qui stimulent l’activité bactérienne dans l’humus, polyculture raisonnable, restauration des haies, ressources locales. L’agriculture biologique est aussi la technique agricole la mieux adaptée au Tiers-Monde.

4/6) Contre la croissance
De quelle croissance s’agit-il ? S’il s’agit de la croissance illimitée des marchandises alors OUI la croissance est une illusion dangereuse. Si on fait les vrais calculs en intégrant les dégradations, on s’aperçoit que nous sommes déjà en croissance négative. Viennent toutes les menaces sur les ressources naturelles, renouvelables ou non. Il nous faudrait donc ralentir la croissance en attendant de développer des formes d’énergie non polluantes et non dangereuses. Il ne s’agit pas de stabiliser la société, ce que le terme croissance zéro pourrait laisser supposer, il faut en changer. Il faut faire en sorte que le profit de quelques-uns ne tire pas son origine de la dégradation de ce qui appartient à tous : l’eau propre, l’air pur, la beauté des paysages. Si nous ne nous décidons pas aujourd’hui, sereinement, à prendre les problèmes socio-écologiques de front, c’est dans la confusion et sous la pression de catastrophes que nous serons obligés de le faire. Cela peut conduire à des guerres, à des dictatures.
Si les Français consentaient à vivre au niveau de vie de 1920 avec les moyens de travail et d’équipement de 1974, des économistes ont calculé qu’il suffirait de travailler quatre heures par jour, de 25 à 40 ans, pour satisfaire les besoins. Il est bien évident que les Français ne sont pas prêts à accepter cette solution, mais tout de même…Je ne promets pas la richesse pour tout le monde, je promets moins de richesse pour les riches de façon à pouvoir maintenir la consommation des autres. Il est bien évident que les plus responsables de la pollution sont ceux qui ont le pouvoir, mais il faut reconnaître que l’ensemble de la classe ouvrière française profite en partie par son système de vie de l’exploitation de la richesse du Tiers-Monde. Elle doit reconnaître, tout en luttant contre le régime capitaliste, que les plus exploités ne sont pas ici, ce sont les travailleurs du Tiers-Monde.
5/6) Pour des techniques douces
L’écart ne fait que se creuser entre les techniques de lutte contre les nuisances et la technologie génératrice de nuisances. Nous consommons 2 fois plus d’énergie qu’en 1963 ; sommes-nous 2 fois plus heureux ? Le Français consomme 2,85 fois moins d’énergie que l’Américain ; est-il trois fois moins heureux ? En surexploitant les combustibles fossiles, on vole les ressources des générations futures. Quel monde laisserons-nous à nos enfants ?
Chaque fois que vous prenez votre voiture pour le week-end, la France doit vendre un revolver à un pays pétrolier du Tiers-Monde. Sait-on que si tous les habitants du globe consommaient autant de pétrole que les Américains, les réserves prouvées ne tiendraient guère plus d’un an ? Pour faire 10 000 km, on consacre 150 heures à sa voiture (gain de l’argent nécessaire à l’achat et à l’entretien, conduite, embouteillage, hôpital). Cela revient à faire 6 kilomètres à l’heure, la vitesse d’un piéton. Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… On peut penser dès à présent à réorienter l’industrie automobile vers la production des composantes de logements ou des systèmes d’énergie solaire ou éolienne.
Nous demandons le moratoire de l’énergie nucléaire. Nous refusons de continuer à faire des bombes atomiques et à gaspiller la majorité des chercheurs en recherche militaire. Nous sommes pour l’utilisation de techniques de production décentralisées, non polluantes et fondées sur des ressources renouvelables, comme l’énergie solaire par exemple (« techniques douces »).

6/6) Conclusion : l’écologie contre l’économie
Il est impossible de subordonner la survie des hommes à des impératifs économiques. L’économie, c’est des conditions de travail concentrationnaires, la concentration de la production et de l’habitat. Leur économie c’est celle des cinq P. : profit, puissance, prestige, pillage et pollution. Pour engager notre société dans cette direction, il faut favoriser la décentralisation et permettre aux communautés régionales d’être autonome. Il faut privilégier des unités de petite taille et renoncer au gigantisme industriel.
Personne n’est admis à avoir une vue globale des choses, ce qui est désastreux d’un point de vue écologique car tout est lié à tout. L’Ecologie, c’est un mot simple. Il veut dire que l’homme comme toutes les espèces vivantes, est inclus dans un milieu qui comprend la nature, les autres espèces vivantes, les autres hommes et qu’il ne peut se permettre de détruire ce milieu sans se détruire lui-même. La terre doit être à ceux qui la travaillent, les usines à ceux qui les font tourner. On a compris que la défense de la nature ne se limite pas à tel ou tel point particulier, mais exige une remise en cause fondamentale pour abouti à notre double objectif :
1.Réduction fondamentale des injustices sociales à l’échelle mondiale, en vue de la réduction prioritaire du gaspillage et des consommations abusives des riches ; donc de leur nombre comme de leur revenu.
2.Elaboration d’une civilisation à basse consommation d’énergie, de viande et de métaux, économisant pour les générations futures les ressources rares de la planète, arrêtant le pillage du Tiers-Monde et la destruction de la nature, source de toute vie.

La Campagne De René Dumont Et Du Mouvement Écologique, Naissance De L'Écologie Politique.
Déclarations, Interviews, Tracts, Manifestes, Articles, Rapports, Sondages, Récits...
René Dumont (auteur). Éditeur : J.-J. Pauvert. Date de parution : 1974.



jeudi 2 septembre 2010

Le retour du "Peak Oil"

Les foreurs persistent et nuisent. Il faut trouver du pétrole, coûte que coûte. On va en manquer? C'est sûr, à présent. Ces enragés ne changeront rien par eux mêmes ! Le rapport est trop gros. Alors attendons-nous au pire. Au fait, quand commencent les forages, en Méditerranée, face à la Lybie ?

http://www.france-info.com/IMG/jpg/mareenoire-franceinfo.jpg

Golfe du Mexique : ça recommence ?

Une plateforme pétrolière a été ravagée, ce jeudi 2 septembre, par une explosion dans le golfe du Mexique, à environ 140 kilomètres des côtes de la Louisiane, de Vermillion Bay (sud des États-Unis). Treize personnes ont été projetées à la mer; l’une d’elles est blessée. Les garde-côtes américains ont dépêché neuf hélicoptères sur place. On ne signale pas de fuite de pétrole dans la mer pour le moment.

Beaucoup d'inconnus pour l'instant. On sait seulement que les employés ont sauté dans l'eau pour se protéger. Ils portaient tous une combinaison d'immersion et ont été localisés. La plateforme serait toujours la proie des flammes.

On ne connait pas l'origine de l'explosion. D'après ce que l’on sait, la plateforme n'était pas en phase de production au moment de l'explosion. Ce serait évidemment une bonne nouvelle pour l'environnement, car le risque qu'une grande quantité de pétrole s'échappe comme c'est arrivé après l'explosion de Deepwater Horizon, serait diminué.

La compagnie pétrolière à qui appartient la plateforme est une compagnie indépendante dont le siège se trouve à Houston au Texas. Elle s'appelle Mariner et vient d'être rachetée par la société pétrolière Apache. Mariner Energy s'est spécialisé dans le forage en eau profonde. Et l'objectif du rachat était justement de développer les extradassions de pétrole dans le golfe du Mexique. L'accident va-t-il remettre en cause ce projet ? Pour l'instant on en sait rien. Si ce n'est que l'action de la compagnie vient de chuter de 6 pour cent à la Bourse de New York, suite à cette explosion.

http://www.rfi.fr/ameriques/20100902-explosion-une-plateforme-petroliere-le-golfe-mexique

http://lecalendriermaya.files.wordpress.com/2010/07/region-du-golfe-du-mexique.jpg

Et pendant ce temps...

L’article paru, cette semaine, dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel n’a pas échappé à Matthieu Auzanneau, collaborateur de Terra eco, qui chronique « le début de la fin du pétrole » sur son blog Oil Man. Le magazine s’est en effet procuré un rapport du département d’analyse du futur de la Bundeswher, l’armée allemande, qui estime qu’il est probable que que « Peak Oil se produise aux alentours de l’année 2010, et qu’il ait des conséquences sur la sécurité dans un délai de quinze à trente ans ».

Ce pic pétrolier, c’est à dire le jour à partir duquel la production mondiale de pétrole amorcera un déclin inéluctable, entraînera une flambée des prix, et « à moyen terme, le système économique global et chaque économie de marché nationale pourrait s’effondrer », estiment les analystes de l’armée allemande. « Des pénuries de biens vitaux », notamment de nourriture, pourraient apparaître, ajoutent-ils, conduisant à la mise en place de « politiques de rationnement ». Les auteurs du rapport s’inquiètent aussi des conséquences géopolitiques de la raréfaction du pétrole qui pourrait favoriser la montée des extrémismes. Dans ce contexte, « les États qui dépendent des importations de pétrole » seront obligés « de montrer plus de pragmatisme à l’égard des pays producteurs », estiment-ils, en se montant, dans le cas de l’Allemagne par exemple, plus souple à l’égard de la Russie ou plus dur vis-à-vis d’Israël.

Ce rapport de la Bundeswehr intervient dans la foulée de celui publié en mars dernier par l’état-major interarmées américain et qui prévoyait une « crise énergétique sévère » d’ici à 2015.

http://www.terra-economica.info/La-Bundeswher-publie-un-rapport,12143.html