vendredi 11 septembre 2009

Le 11 septembre écologiste

Voici trois ans, le 11 septembre 2006, mourait Solange Fernex, chez elle, à Biederthal (Haut-Rhin), le village dont elle fut conseillère municipale, de 1977 à 2001. On peut la considérer comme étant de ceux qui ont fait de l'écologie, indissociablement liée à la lutte contre l'énergie nucléaire tant civile que militaire, une idée-force dans le cadre politique français et européen.


Solange Fernex (1934-2006)

Elle mena en Alsace, plusieurs campagnes contre les centrales nucléaires françaises. Elle participa à un jeûne de vingt-trois jours contre la construction de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), en 1977, et de trente-huit jours à Paris pour le désarmement nucléaire en 1983.


Nul doute qu'elle aurait été à Colmar, le 3-10-2009!

Elle fut, en 1984, avec Théodore Monod, parmi les personnalités qui ont marqué les débuts de la Maison de Vigilance, installée à Taverny, à proximité de la Base de commandement des forces militaires françaises .
http://www.maisondevigilance.com/personnalites.htm


Théodore Monod (1902-2000)

Elle créa,le 27 avril 2001, avec Michel Fernex son mari, médecin : Enfants de Tchernobyl Belarus.
http://enfantsdetchernobylbelarus.doubleclic.asso.fr/


Michel Fernex, professeur de médecine à l'Université de Bâle

Ayant participé à la fondation des Verts, en 1984, elle fut députée européenne en 1989 et laissa, comme prévu, sa place à Dominique Voynet, deux ans après, en 1991.

Insoumise ou rebelle? Solange Fernex ne se laissait enfermer dans aucune qualification. C'est nous qui la voyions telle. Non-violente, gandhienne, elle regardait loin devant elle, refusant, en politique comme ailleurs, de se satisfaire de succès provisoires ou partisans. Elle est à redécouvrir en ces temps où nombre des questions qu'elle posait sont, enfin, devenues d'actualité!

Elisabeth Schultess, Solange Fernex, l'insoumise, éditions Yves-Michel, 2004.
A commander à : Réseau “Sortir du nucléaire” 9, rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 (chèque à l’ordre de “Sortir du nucléaire”).


mercredi 9 septembre 2009

Peut on parler d'une taxe écologique?



"Appelée aussi contribution climat-énergie (c’est le terme choisi par le gouvernement), ou encore écotaxe, la taxe carbone vise à réduire le réchauffement climatique dont est notamment responsable le CO2 (ou dioxyde de carbone). Le principe est simple : les utilisateurs d’énergie fossile (pétrole, gaz, fioul, charbon…) doivent acquitter un nouveau prélèvement, en fonction de leur consommation. La taxe existe déjà dans une demi-douzaine de pays européens. En France où elle fait l’objet d’un vif débat, elle ne devrait pas concerner la consommation d’électricité". Ainsi s'exprime le journaliste du quotidien Le Parisien, le 3 septembre 2009.

"Écotaxe" figure au dictionnaire. Le Robert en fixe l'apparition en 1997. C'est, dit-il, "la taxe fiscale sur les sources de pollution et sur l'exploitation des ressources naturelles non renouvelables". Si le contribuable est devenu une "source de pollution", c'est par l'usage des produits qu'on lui a vendus. Il n'est pas l'exploitant. Pourquoi paierait-il et pas d'abord les entreprises industrielles ou agricoles qui extraient ou/et transforment les produits contribuant au réchauffement climatique?


Qui réchauffe la Planète?

Contribuer? Le verbe est beau. Il signifie tout à la fois collaborer, coopérer, participer. Sous sa forme neutre, il se comprend comme concourir, être concerné. Eh bien soit, nous sommes concernés. Contribuons donc. Cependant ne confondons pas le producteur et l'utilisateur, le pollueur direct et le pollueur indirect, lui-même pollué. Ils ne sauraient être placés sur le même plan de responsabilité! La contribution, dit encore le Robert, est "la part que chacun donne pour une charge, une dépense commune". Il y a dans ce don, une forme de volontariat que ne permet pas la taxe, "qui est "un prix fixé d'une manière autoritaire", voire "une imposition obligatoire". Va donc pour la contribution mais, d'une part, avec l'acquiescement des Français, (pas seulement via le Parlement) et, d'autre part, avec une répartition équitable entre les pollueurs et les pollués! Bref le principe de la contribution climat-énergie (qu'il, faut alors cesser d'appeler taxe) est acceptable, mais son application est exécrable si l'on culpabilise les victimes des pollutions.


Les pollueurs indirects sont les premiers pollués.

Car, peu ou prou, la contribution est un impôt. À force de diaboliser l'impôt, l'État libéral s'est pris les pieds dans le tapis de sa politique! Il a laissé accroire qu'on payait trop d'impôts et il les a multipliés. Car il est des impôts justes et d'autres qui ne le sont pas, de bons impôts et de mauvais impôts en quelque sorte. Si c'est "un prélèvement obligatoire afin de subvenir aux charges publiques", nul n'y trouvera rien à redire. Si c'est un source de revenus pour l'État affectée au recouvrement de dépenses douteuses, le citoyen peut le contester, voire le refuser comme le fit jadis Thoreau, l'auteur du livre titré : La désobéissance civile.

En ce temps de prise de conscience de nos responsabilités écologiques collectives, refuser la contribution climat-énergie serait irresponsable, mais on ne peut l'accepter qu'à plusieurs conditions : d'abord que la charge principale soit portée par ceux dont les pratiques productives doivent changer et pas seulement par ceux dont les comportements doivent évoluer, mais aussi que les politiques économiques soient modifiées pour que les causes des erreurs historiques nous ayant conduit où nous en sommes cessent! En clair, si l'on n'entre pas dans l'abandon du productivisme appelé croissance qui fait de tout plus un bien, on ne sortira pas de la menace d'un réchauffement climatique catastrophique et peut-être mortel pour l'humanité. Aucune contribution financière n'y suffirait...

Reste l'ambiguïté majeure que révèle le refus de taxer la production d'électricité au motif que l'énergie nucléaire, principale source de production électrique en France, ne polluerait pas! C'est un peu vite oublier que l'uranium est une énergie fossile non renouvelable, que les déchets nucléaires polluent et que même si l'énergie nucléaire ne réchauffait pas la planète (hormis le réchauffement des eaux des fleuves qui refroidissent les centrales!), l'énergie électrique tolère un gâchis insupportable compte tenu des pertes en ligne. Plus : laisser penser que l'avenir de la production d'énergie repose sur le développement de l'énergie nucléaire, avec ou sans EPR, est incompatible avec les politiques de désétatisation et de responsabilisation citoyenne.

Ce 9 septembre, avant que ne s'exprime sur le sujet, Nicolas Sarkozy, il ne faut pas être la Pythie pour savoir déjà qu'il tentera de nous jeter de la poudre aux yeux en appelant à la solidarité de tous sans qu'il soit question de taxer les plus grands pollueurs sur lesquels il s'appuie pour conforter son pouvoir!


Transport routier ou éoliennes : où se place la priorité, en France?

mardi 8 septembre 2009

Fermons Fessenheim !

Un message clair, précis et vigoureux, qu'il y a plaisir à reproduire!



Fessenheim est un symbole pour tous ceux qui réclament la sortie du nucléaire
. En octobre 2009, la plus vieille centrale nucléaire de France sera mise à l’arrêt pour sa troisième visite décennale. Cette inspection devra décider de l’arrêt définitif des deux réacteurs... ou de leur prolongation pour dix ans supplémentaires. EDF veut prolonger la vieille centrale de Fessenheim, dangereuse et non rentable, malgré tous les risques qu’elle fait peser sur les populations.


Sortons du nucléaire...

Le lobby nucléaire s’oppose à la fermeture de Fessenheim parce qu’elle inaugurerait le processus de fermeture de nombreux autres réacteurs qui arrivent en fin de vie. Au contraire, ce lobby tente de prolonger la durée de vie des centrales tout en se lançant dans la construction de nouveaux réacteurs EPR. La France a commencé à s’enfoncer dans l’option nucléaire en construisant Fessenheim, elle commencera à en sortir en fermant Fessenheim.

... et tournons-nous vers l’avenir !

L’avenir, c’est la sobriété énergétique, la décentralisation de la production et le développement volontariste des énergies renouvelables. Ces solutions sont les seules capables de répondre durablement à nos besoins tout en luttant contre le réchauffement climatique.

Quelques semaines avant la Conférence Internationale sur le climat à Copenhague, profitons de ce rassemblement pour envoyer un message fort : le nucléaire n’est pas une énergie propre !

Retrouvons-nous toutes et tous les 3 et 4 octobre 2009 à Colmar, en Alsace, pour exiger que la centrale de Fessenheim ne redémarre jamais. L’arrêt définitif de Fessenheim à l’automne 2009 sera le signal de la sortie du nucléaire.

http://www.maison-environnement-franchecomte.fr/imgs/animations/fessenheim-affiche.jpg

Un moment fort : la manifestation

le samedi 3 octobre
14 h - Place Rapp

Venez habillés d’un vêtement jaune, la couleur du soleil et des énergies alternatives !

En savoir plus : contact@fermons-fessenheim.org
Tél : 03 89 41 80 95

www.fermons-fessenheim.org

dimanche 6 septembre 2009

Le diésel problématique pour notre santé

Les véhicules diesel sont responsables de niveaux de dioxyde d'azote problématiques pour la santé

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Circulation automobile à La Défense - France

L'Afsset attire l'attention sur le dioxyde d'azote (NO2) émis par les véhicules diesel. Cet irritant respiratoire, typique de la pollution due au trafic routier, n'a pas diminué depuis le milieu des années 90 en situation de proximité au trafic routier et continue de poser des problèmes sanitaires en agglomération (exacerbation de l'asthme, irritations respiratoires...).

La réglementation européenne « EURO » sur les émissions des véhicules a pris du retard sur la maîtrise des émissions de NO2. Elle a fait une priorité de la lutte contre les polluants organiques et les particules. Elle fixe ainsi des contraintes sur les émissions de particules pour les véhicules diesel qui entraîneront une généralisation des filtres à particules dans les années à venir. En contrepartie, elle a négligé le NO2, qui n’est aujourd’hui comptabilisé qu’au sein d’un agrégat, les oxydes d’azote (NOx).

Selon les scénarios étudiés par l’Afsset, si rien n’est fait, l’application des normes EURO successives sur les émissions des véhicules ne produira pas d’effet significatif sur ce polluant d’ici à 2014 (entrée en vigueur d’EURO VI et EURO 6). Il faudra maintenant attendre 2014 et la sixième génération de norme EURO avec de nouvelles réductions à l’émission sur plusieurs polluants (hydrocarbures et NOx notamment) pour envisager de premiers effets bénéfiques.

Pour ne pas attendre plus longtemps, l’Afsset recommande de prendre dès maintenant les mesures suivantes pour contrer les émissions de NO2 par les véhicules diesel :

Retenir systématiquement le NO2 comme critère dans toutes les nouvelles réglementations sur les émissions de véhicules routiers, et non plus seulement l’agrégat « NOx totaux ».

En particulier, il conviendrait de mesurer le NO2 lors des tests sur les véhicules neufs (cycles d’homologation) et de le retenir comme un des critères de choix pour évaluer les performances des technologies moteur et de post traitement des émissions. En particulier, certains filtres à particules accroissent les émissions de NO2 ; les technologies de ces filtres évoluant rapidement, seules les plus performantes vis à vis du NO2 doivent être retenues par les industriels.
Une avancée sera faite à partir de 2014 avec la future norme Euro VI (poids lourds) qui impose la mesure des émissions de NO2 et qui laisse la possibilité de définir ultérieurement une valeur limite portant sur ces émissions. Cette avancée n’a pas été retenue par la norme EURO 6, son pendant pour véhicules légers qui entrera en vigueur également en 2014. L’Afsset regrette que cette possibilité n’ait pas été ouverte pour les véhicules légers et recommande de définir une valeur limite portant sur les émissions de NO2 des poids lourds (Euro VI).

Ne retenir que les filtres à particules les moins émissifs de NO2 lorsqu’ils sont installés sur les flottes captives de véhicules (bus, véhicules utilitaires, taxis, etc.).
Le nouveau « deuxième plan national santé environnement » encourage la mise en place de filtres à particules, par exemple sur des flottes captives. L’Afsset recommande de retenir le critère NO2 pour le choix des technologies de filtres. Ceci est d’autant plus important que la ville de Londres a effectivement mesuré une augmentation du NO2 dans l‘air à proximité du trafic entre 2002 et 2004 en lien avec l’installation de filtres à particules sur ses bus avec un choix de technologie de filtre défavorable.

Mettre en place un dispositif d’évaluation de l’efficacité des technologies de contrôle des émissions diesel (y compris filtres à particules, catalyseurs d’oxydation, technologies de contrôle des NOx) en s’appuyant sur les expériences de la Suisse, de l’Allemagne, de l’Autriche et des Etats-Unis. Un tel dispositif prendrait notamment en compte la réduction des particules, la réduction des NOx, la limitation des émissions de NO2 et la résistance dans le temps des performances des technologies.

Renforcer les connaissances dans le domaine de la toxicologie des émissions des véhicules diesels équipés de dispositifs de post-traitement. En particulier, il est préconisé de renforcer les travaux sur la toxicité des émissions considérées dans leur globalité (aérosols émis comprenant les phases gazeuse et particulaire).

NO2 et effets sur la santé

Le dioxyde d’azote (NO2) est avec les particules fines un des indicateurs majeurs de la pollution atmosphérique. Ils sont tous deux associés au trafic routier dans les agglomérations. Le NO2 réagit en plus dans l’air des villes et contribue à la formation d’autres polluants, ozone et particules secondaires.
C’est un gaz oxydant puissant, qui pénètre facilement dans les poumons. A des concentrations dépassant 200 µg/m3 sur de courtes périodes, il provoque des irritations et des inflammations de l’appareil respiratoire et une augmentation de l’hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques.
Il est ainsi soumis à un dispositif d’information et d’alerte en cas de pics de pollution (niveau d’information : 200 µg/m3 sur une heure ; niveau d’alerte : 400 µg/m3 sur une heure).
Dans l’air ambiant, les niveaux de NO2 ont eu tendance à stagner ou augmenter en proximité du trafic automobile depuis le milieu des années 1990. A l’heure actuelle, la valeur limite annuelle (40 µg/m3) n’est pas respectée sur de nombreux sites trafic, en particulier au sein de grandes agglomérations telles que Paris, Lyon, Marseille, Nice, Grenoble, Rouen.

C’est actuellement essentiellement dans le flux de circulation en agglomération et notamment à l’intérieur de l’habitacle de véhicules que des niveaux de NO2 les plus importants sont relevés (de 100 à plus de 500 µg/m3).
Ces niveaux peuvent tout à fait induire des effets toxiques sur le système respiratoire, en particulier pour les populations sensibles (asthmatiques notamment).

Des technologies de traitement des gaz d’échappement des véhicules diesel qui conduisent à un arbitrage entre polluants, aujourd’hui globalement en défaveur du NO2

Le problème lié au NO2 est un effet secondaire indésirable des technologies de traitement des gaz d’échappement diesel (catalyseurs et certains filtres à particules catalysés). De nouvelles générations de ces technologies, encore en développement, pourraient notablement alléger cette contrepartie problématique sur le NO2. Il faudra cependant encore plusieurs années avant d’en percevoir les bénéfices sanitaires.

Les filtres à particules pour les moteurs diesel sont très efficaces sur les particules (abattement d’un facteur 100 à 1000 du nombre de particules émises). Mais les suies piégées dans le filtre doivent être régulièrement brûlées pour régénérer le filtre. Or la combustion des particules s’effectue vers 550°C et la température des gaz d’échappement est très inférieure et ne suffit pas. Des catalyseurs sont alors utilisés pour abaisser la température nécessaire à la combustion. A ce jour, deux technologies de filtres se répartissent le marché : les FAP catalysés(1) et les FAP additivés(2). Les technologies avec catalyseur d’oxydation entraînent globalement une augmentation
significative des émissions de NO2, sans pour autant modifier les émissions globales d’oxydes d’azote (NOx).
Les catalyseurs, rendus obligatoires en 1996 sur les véhicules diesel légers par la norme EURO 2, avaient déjà provoqué une augmentation des émissions de NO2. Aujourd’hui, avant même que les filtres à particules ne se généralisent plus sur les véhicules diesel, les émissions de NO2 des véhicules légers sont déjà le fait principal des véhicules diesel catalysés (sans filtre) d’Euro 2 à Euro 4 (voire Euro 5).

Une analyse du parc automobile montre que les perspectives de réduction des émissions de NO2 sont faibles pour les quelques années à venir. L’Afsset a testé plusieurs scénarios en fonction du taux de répartition des FAP additivés et catalysés parmi les parmi les véhicules diesel en équipés de FAP. Si le taux de pénétration des FAP additivés était de plus de 30%, les émissions de NO2 dues aux véhicules légers se réduiraient d’ici à 2014. Mais si ce taux était inférieur à 30% environ, alors les émissions augmenteraient à terme.

Source : http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=2071



vendredi 4 septembre 2009

Gabon : Coup de force françafricain

L'écologie politique radicale, c'est le refus de mise en coupe réglée des richesses des pays par un autre ou par des entreprises guidées par la seule recherche de l'intérêt financier de leurs actionnaires.

Ce qui se passe au Gabon, c'est la continuation du vol des Gabonnais par des étrangers ou par le clan Bongo que soutient la Françafrique continuée.

Communiqué de Survie, le 4 septembre 2009

Alors que les Gabonais aspirent à la démocratie et au changement après les 41 ans de gabegie du règne d’Omar Bongo, Ali Ben Bongo, fils du précédent, vient, non sans difficulté, d’être déclaré vainqueur de l’élection présidentielle au terme d’une mascarade électorale et d’un coup de force qui vise à prolonger la mainmise du clan Bongo sur le pays, avec la bénédiction des autorités françaises.

Ali Ben Bongo, fils et ex-ministre de la Défense d’Omar Bongo, également visé en France par une plainte sur les “ biens mal acquis ”, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle gabonaise du 30 août dernier avec 41,73% des voix devant ses deux principaux concurrents André Mba Obame (25, 88%) et Pierre Mamboundou (25, 22%).

Annoncés non sans atermoiements par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP, en grande partie composée de membres du Parti démocratique gabonais, au pouvoir) et surtout par l’actuel ministre de l’Intérieur (également PDGiste), ces résultats contredisent toutes les estimations qui donnent, procès-verbaux des décomptes de voix à l’appui, Ali Bongo loin derrière ses deux principaux concurrents. Mais c’était compter sans les faux PV et les PV falsifiés introduits à la Commission électorale.

Afin de mener à son terme cette mascarade électorale, le régime a également dispersé avec violence les nombreux manifestants et responsables de l’opposition venus au siège de la CENAP s’assurer du bon décompte des voix.

Aujourd’hui, la Garde présidentielle et l’armée quadrillent Libreville. La tension est extrême dans le pays. Exténués par 41 ans de dictature d’Omar Bongo et ulcérés par le coup de force d’Ali Bongo, la majorité des Gabonais n’entend pas se laisser abuser une fois de plus.

Le consulat de France à Port Gentil a ainsi été incendié, tout comme un édifice du groupe français Total, symboles du soutien indéfectible de la France au régime Bongo depuis des décennies.

La France a prétendu être neutre “ La seule chose qu’elle fait dans cette élection, c’est d’aider au déroulement normal des opérations ” a déclaré le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet. Sans doute trouve-t-il normales les conditions de la tenue de cette élection : organisation précipitée du scrutin, listes électorales gonflées, multiples violations du droit constitutionnel, énorme déséquilibre financier et médiatique entre les candidats qui, ailleurs, feraient crier au déni de démocratie. Dès le lendemain du vote, le même A. Joyandet a jugé le scrutin régulier alors que de nombreuses fraudes ont été dénoncées tant au Gabon que dans les ambassades à l’étranger. A l’ambassade du Gabon en France par exemple, l’ambassadrice a même été prise la main dans le sac, en possession de plusieurs dizaines de fausses cartes d’électeur.

Est-ce être neutre que laisser Robert Bourgi, conseiller notoire de Nicolas Sarkozy pour la diplomatie parallèle, ainsi que d’autres ressortissants français en vue au Gabon soutenir Ali Bongo ? Alors que dans le même temps A. Joyandet menace les Gabonais : “ si par malheur, les ressortissants français venaient à être inquiétés, il y aurait une quasi-automaticité d’intervention de nos troupes basées sur place.[…] il y a assez peu de probabilité que l’armée française quitte le Gabon.”

L’association Survie attire l’attention des dirigeants français sur la lourde responsabilité qui est la leur dans la détérioration de la situation au Gabon. A force de vouloir figer le pouvoir gabonais aux mains d’un clan complice des intérêts transnationaux les plus voraces, la France s’aliène la majorité du peuple gabonais.

L’association Survie demande aux autorités françaises de ne pas reconnaître l’élection d’Ali Bongo et de ne pas cautionner la prise du pouvoir par ce qui constitue un véritable un coup d’Etat électoral. Nous attendons du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner la même résolution dans la défense des principes démocratiques qu’il a montrée lors d’autres élections dans le monde, le même soutien à une opposition écrasée et bafouée dans ses revendications. Nous ne voulons pas que notre pays apparaisse comme le fidèle soutien de régimes despotiques indéfiniment reconduits.

Nous demandons au gouvernement français de s’assurer que les militants gabonais de la démocratie et des droits de l’Homme seront préservés de la répression qui risque de s’abattre sur eux comme sur tous ceux qui luttent pour le droit et la justice. Nous assurons les citoyens gabonais qui défendent leurs droits de notre solidarité dans leurs revendications.

En Mauritanie, au Niger, à Madagascar, nous assistons à un recul des acquis démocratiques, tandis qu’au Congo Brazzaville, au Cameroun, au Tchad les vieilles dictatures sont confortées. Le risque est grand de voir surgir au Gabon le même scénario qu’au Togo depuis 2005 : élection truquée, coup d’Etat électoral, répression des contestations, puis normalisation diplomatique validant une succession dynastique de Faure Gnassingbé après 38 ans de règne d’Eyadéma père.

Tout cela, avec la complicité de la France, dans la droite ligne de la triste politique françafricaine avec laquelle le candidat Nicolas Sarkozy voulait rompre. Politique qu’il prétend maintenant camoufler sous des gesticulations médiatiques comme celle qui s’annonce en 2010, décrétée « année de l’Afrique » : “ année importante pour la relation entre l’Afrique et la France alors que 14 anciennes colonies françaises célèbreront le cinquantième anniversaire de leur indépendance. (…) Et je souhaite que 2010 signale aussi l’achèvement d’une rénovation profonde de nos relations avec le continent africain ”. Certains Français en seront peut-être dupes, pas les peuples africains.

http://www.survie-paris.org/presidentielle-au-gabon-coup-de.html

Contact presse : Olivier THIMONIER, olivier.thimonier@survie.org Tél. : 01 44 61 03 25